Mai 68 de côté

C'est l'histoire d'un couple de jeunes adultes qui s'aiment durant Mai 68, mais leurs conditions sociales différentes ne sont pas acceptées par leurs parents respectifs. Accompagnés de leur meilleur ami, ils décident de fuir et de rejoindre Venise par tous les moyens.

Après l'énorme succès que fut Diabolo Menthe, Diane Kurys semble aller vers un film personnel, je ne sais pas à quel point mais elle avait l'âge des personnages dans l'histoire, qui raconte, et c'est assez original, Mai 68 en-dehors de Paris et des lieux urbains. C'est surtout du côté de la campagne, notamment à travers la difficulté de se déplacer du fait du manque de ravitaillement en essence, et surtout de la relation fusionnelle entre ces trois jeunes. Elise Caron et le regretté Philippe Bas, et surtout François Cluzet, dont ce fut le premier rôle à l'écran, qui incarne le meilleur pote homosexuel, sans jamais appuyer le trait à la caricature.

Paradoxalement même si l'ombre de Mai 68, et de ses répercussions sociale, demeure, c'est avant tout une ode à la liberté, notamment sexuelle, de ce trio, avec comme signe des temps Elise Caron qui retire son soutien-gorge comme envie d'émancipation. A part cela, il faut dire qu'il ne se passe pas grand-chose, à part ces problèmes pour se déplacer, et on peut s'amuser des quelques secondes de présence de Patrick Chesnais, Christian Clavier en beatnik, Hélène Vincent ou encore Henri Garcin. On sent que la mise en scène est à l'image de cette liberté de ton prônée par la réalisatrice, avec une très belle scène qui est celle de l'arrivée des CRS dans le métro parisien, qui ressemble à un attentat avec l'intrusion de gaz lacrymogènes.

Même s'il y a eu plusieurs films sur Mai 68, et de meilleure qualité, Diane Kurys a sans doute voulu être à contre-pied sur la volonté de ne pas vraiment montrer les évènements mais les à-côtés et de montrer que l'amour existait encore dans cette époque trouble.