Coexister par MacCAM

J'adore l'humour beauf assumé de Fabrice Eboué. Je mourrais sur cette colline s'il le faut, mais Adieu hier est sans nul doute l'un des meilleurs spectacles de cette décennie à l'heure où j'écris ces lignes. Même ses précédents films, bien qu'un cran en dessous de ces sketchs, j'en garde un plutôt bon souvenir. Concernant Coexister, j'avais un peu peur qu'il n'y aille pas à fond, qu'Eboué tombe dans le piège du film « trop soft »… et c'est le cas. Coexister n'est pas un mauvais film ou une mauvaise comédie… tout du moins, il se place clairement au-dessus des comédies nazes de Philippe de Chauveron, mais pour un résultat moyen encore une fois.

Déclencher l'élément perturbateur après même pas cinq minutes de film, pourquoi pas ?… mais pourquoi ne pas avoir fait du personnage incarné par Fabrice Eboué aussi l'antagoniste cynique, à la place du rôle interprété par Mathilde Seigner ? Cette dernière incarnant le rôle-cliché de l'antagoniste (les rôles féminins sont tous mal écrits btw). À ce sujet, la séquence qui justifie pourquoi les futurs membres du groupe le rejoigne est ici éludée, bien trop facile. Il y avait de quoi créer une séquence durant laquelle le producteur détruisait lui-même l'Église, rendait le rabbin plus parano qu'il ne l'est déjà (un peu à la manière des séquences dans l'appartement du marchand dans Amélie Poulain) ou en foutant financièrement dans la merde la mère du pseudo-imam. Fabrice Eboué a beau se montrer sans gêne, ce n'est pas le cas pour Coexister qui aurait probablement été plus corrosif dans les mains d'un Éric Judor, ce dernier n'hésitant pas à se présenter comme étant le dernier des connards dans les films qu'il réalise.

Il y a quand même quelques scènes qui fonctionnent, notamment toutes les séquences où le rabbin est drogué à son insu (pour une fois que je ne trouve pas Jonathan Cohen insupportable), ou le faux imam interprété par Ramzy qui a le don pour créer le malaise, mais ça reste bien trop léger ceci dit. Le trio d'acteurs principaux reste solide. Les différentes musiques composées pour le faux-groupe du film ont été bien dosées : crédibles pour qu'on y croie, mais assez stupides pour qu'on ne sorte pas du cadre de la comédie.

Au moins, le film ne se conclut pas sur une morale facile, lourdingue. M'enfin, ça reste une déception quand même.