La vie à la campagne

La plupart des adeptes de lovecraft argumentent toujours qu'il est difficile de faire un film basé sur ce que l'auteur arrivait parfaitement à décrire, c'est à dire l'indescriptible.

Dans "La couleur tombée du ciel", dont s'inspire le film, une famille habitant la campagne reculée d'Arkham est en proie à la folie après qu'une météorite ait atterrit dans leur jardin. Un jour comme les autre dans le Massachusetts quoi ...

La particularité de ce film est qu'il reste fidèle au matériau de base là où on ne l'attend pas. Il garde par exemple toutes les précisions géographiques de l'univers lovecraftien, chose rare dans les adaptations grand budgets. La sorcellerie, traitée de manière plutôt fine car assez réaliste des pratiques contemporaine, se rattache en filigrane aux ouvrages interdits du Necronomicon, et ajoute une touche folkloriste bienvenue. Plus osé est le placement d'Howard Phillips en narrateur, incarné à l'écran pas un acteur noir, ressort comique quand on connait les tendances racistes de l'écrivain !

Pour ce qui est de la cohérence générale de l'univers proposé, on ne s'attardera pas sur l'idée assez incohérente de représenter une couleur inexistante par une couleur existante, car comment faire autrement ? Les créatures sont carpentesques à souhait, et le choix du latex plutôt que du numérique ajoute ce côté organique si souvent manquant dans les productions récentes.
On admirera le fait que Cage n'ait pas à porter tout seul le film du haut de sa carrière longue comme le bras. Les enfants, dont les rôles peuvent se révéler convenus, arrivent à exprimer l'angoisse et l'incompréhension face aux choix étranges de leur parent.

Parce que c'est de ça que parle ce film, de l'absurdité des choix qu'impose le père à toute la famille.