Même les acteurs cultes peuvent paraître ringards

Le film démarre fort, Christopher Walken dans le rôle du père de la fratrie Chris/Sean Penn, il faut dire que la ressemblance saute à la figure.

Ensuite une histoire ma foi palpitante de vols nocturnes de tracteurs pourris dans la cambrousse américaine par de vilains bad guys dirigés par le très méchant Walken (Brad Whitewood senior).

Ensuite le fils (Sean Penn) qui a besoin de fric pour s'acheter une bagnole, et pour vivre avec sa nana (Mary Stuart Masterson cantonnée à un rôle de pot-de-fleur faire-valoir indigne), va rejoindre son criminel de père, et bien entendu tout cela va mal tourner, Sean Penn va se faire prendre, parce qu'en plus d'être con, voler des tracteurs c'est mal, et finir en taule.

Walken ayant peur qu'on le balance à la police, fera buter à peu près tous les personnages fantomatiques et secondaires du film et dont on se fout à peu près complètement, dans des séquences aussi percutantes qu'un encéphalogramme plat.

Mais ce qui me frappe le plus, c'est que le casting du film a tout pour être génial :

- Mary Stuart Masterson : Habituellement si dynamique, pétillante, et pourtant si loin du charme mutin qu'elle avait dans "beignets de tomates vertes", dont le rôle se résume à traverser la film comme un faire-valoir inintéressant.

- Christopher Walken : Qui en plus d'une moustache à la Tom Selleck, nous sort sa plus belle crinière cactus printemps été 86 (coiffure qu'il a perfectionnée dans d'autres films, notamment dans le très pénible king of new york), pour un look global de bee gees transsexuel.

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Il fait là à mon sens l'une de ses pires prestations d'acteur (et je me rends compte que lorsqu'il n'est pas dirigé il peut être assez insupportable en fait), une espèce d'auto-caricature de tous ses tics de jeu habituels, surcabotinant, passant du rire à l'effroi de façon antinaturelle au possible.
Est-ce pour tenter de compenser ses dialogues calamiteux auxquels il ne semble pas croire une seconde ?

Parce qu'en général, quand on joue aussi grossièrement, c'est qu'on ne sait pas quoi faire de son personnage, et donc on passe en force pour tenter de sauver les apparences, et ça produit un effet inverse, artificiel et criard.
A noter qu'il balance à son fils probablement l'un des "je t'aime" les plus ridicules de l'histoire du cinéma.

- Sean Penn : dans la peau d'un redneck kéké débilos, fait ce qu'il peut, c'est-à-dire pas grand chose, et collectionne ici ses plus belles têtes de demeuré.

- Chris Penn : l'époque où il ne pesait pas 200 kilos, et était limite plus cool que son frère. Malheureusement doublé par un type qui visiblement n'a pas compris qu'il n'était pas dans un dessin animé et qu'il n'était pas obligé de faire les voix de coyote et bip bip.

- Kiefer Sutherland : qui a, à tout casser, deux répliques dans le film, et surtout la coupe Bigard Hérisson 1995 :
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- Crispin Glover : Crispin, Crispin (pas le frère de Danny), le mythique Crispin, toujours à côté de ses pompes, à contretemps, souvent inoubliable, hilarant volontairement ou non, dont je ne compte plus les apparitions mémorables en seconds rôles :
=> Retour vers le futur, le génial George McFly
=> Sailor Et Lula : Cousin Dell le malade mental qui se met des cafards dans le slip, et qui a le droit à 5 minutes de gloire dans le chef d'oeuvre de David Lynch
=> Les Doors : Andy Warhol himself
=> Dead man : Un type avec la face pleine de charbon
=> ... Et tellement d'autres films dont quelques nanars

Là, il a le droit à pas grand chose, il joue les utilités comme tous les autres en occupant parfois des coins d'écran, il parvient à faire mouche à 2 ou 3 reprises malgré tout dans son rôle de camé (débile comme d'habitude).

Je n'ai pas mentionné le montage à la ramasse, avec une absence de rythme, une accumulation de transitions brutales, et un manque de lisibilité...
Ni les problèmes d'écriture, des séquences limites publicitaires qui s'intègrent n'importe comment dans le récit, des incohérences à la pelle (comment Sean Penn sait qu'il y a un flingue dans le placard à la fin), bref au bout du compte une bonne vieille purge qui démontre une fois n'est pas coutume, qu'il ne suffit pas d'un gros cast pour faire un bon film.

Note : J'ai matté le film dans une VF abominable ce qui n'a pas dû aider...