Comme je l'ai toujours soutenu, le potentiel cinématographique du Vatican, notamment lors des conclaves, est sous-estimé. « Conclave » comble cette lacune avec brio. L'élément central de ce film réside dans le fait qu'il ne sous-estime pas l'intelligence du spectateur. Il soulève des questions philosophiques pertinentes sur le doute, la foi et le sens de la religion, sans imposer de réponse toute faite. Les questions sont posées, laissant à chacun le soin d'y répondre, même si la position de l'équipe du film est perceptible. Cette confiance en l'intelligence du public se manifeste également par l'évocation de certains concepts sans les définir explicitement, approche cohérente dans un contexte cardinalice. Illustrons cela par l’exemple de la simonie. Avec de tels postulats, le récit se devait d’être captivant. Toutefois, je suis quelque peu réservé quant à la tournure finale. Non pas que son contenu me gêne, mais plutôt la manière dont elle est introduite, de façon inattendue et presque incongrue, alors que le film aurait pu conclure de manière satisfaisante sans elle, tout en restant un excellent thriller politico-religieux. La performance remarquable des acteurs justifie pleinement le visionnage du film en VO La voix grave de Stanley Tucci a été particulièrement saisissante. Je me demande si la version française a su restituer cette même profondeur. Dans l’ensemble, le travail sur la qualité sonore a été remarquable. Par exemple, la respiration et les battements cardiaques de Ralph Fiennes sont audibles à plusieurs reprises, surpassant parfois l’impact des dialogues. Il est important de souligner la maîtrise de la lumière dans plusieurs plans, conférant à certaines scènes une qualité picturale remarquable. Ce niveau de maîtrise laisse entrevoir un potentiel significatif pour ce réalisateur relativement inexpérimenté, même en collaboration avec un directeur de la photographie chevronné.