Dédié « à Jean Eustache et Joel Seria » dont Soral sera l'héritier dans le monde parallèle où il est devenu cinéaste et non homme politique le plus infréquentable de France. C'est à la fois à rebours du « gauche du travail, droite des valeurs » (le consumérisme lubrique est nécessairement une déviance envers la 'décence ordinaire' et il n'y a que le combat pour l'atteindre qui puisse être 'de gauche') et cohérent avec les idées fortes du polémiste, qui a sûrement été ces deux jeunes hommes, en a élu un.
Au départ Dutronc joue un type qui, y compris dans les modèles cités, serait perçu comme un 'bon gars' lisse (et assez 'cool' pour les honneurs de la voix-off) dans lequel le spectateur est invité à se projeter ; mais je vois un type insipide, morne – et lorsqu'il s'exprime, s'arrache enfin à l'inertie et à la naiveté sinon à son pucelage intégral, il ne livre que de la morgue de planqué. Ce Dutronc est épargné, sinon trop protégé jusqu'ici ; il arrive frais et présentable ; c'est tout ce qu'il peut avoir d'attirant pour susciter de l'amitié, ou du respect. Pour le dragueur endurci (Fabio/Taghmaoui, plus sympathique malgré la supercherie car preneur de risque, né prolo mais avec pulsion de vie) c'est un élève à haut potentiel (à cause du physique et de la nonchalance) et peut-être le moyen de vivre un 'relâchement' existentiel, comme si l'auto-suffisance bourgeoise pouvait irradier jusqu'à lui.
La séance réjouira les amateurs de farces misogynes et peut-être les publics de conseil en séduction, intéressera les connaisseurs de Soral, sera survolée par ceux qui prennent plaisir à l'incendier, laissera dubitatif les rares égarés. Le film est revendiqué autobiographique, d'où possiblement le côté ringard dû aux dialogues forcés et attentes ou environnements devenus bizarrement plats (l'avènement d'internet, en France les plus grandes brutalité et froideur dans les rues – par les relations comme par les institutions – ancrent de toutes façons ces Confessions dans un cadre peu pertinent car trop loin du présent).
Mais si quelques plans sont d'une vulgarité invraisemblable, peu sinon aucun de ces dialogues sont inutiles – de même, plusieurs scènes 'gratuites' narrativement éclairent sur la réalité de ces deux hommes (par exemple l'agression de la vieille proie homosexuelle, où l'attitude de ce dernier comme celle de Paul/Dutronc est absurde, mais réaliste). Le montage est parfois curieux, avec des coupes ou enchaînements abrupts (possiblement de l'auto-censure ou de la précipitation, notamment pour amener à la séquence grotesque chez les jeunes nantis) ; la musique, toujours la même, suggère que si le résultat est cheap c'est que les moyens matériels et les permissions le sont aussi.
https://letterboxd.com/zogarok/film/confession-of-a-dredger/reviews/
https://zogarok.wordpress.com/?p=23447