Dans cette ultime incursion dans l’univers des Warren, Conjuring - L’Heure du jugement — troisième opus confié à Michael Chaves — déploie des promesses fascinantes autant dans l’évocation des faits réels que dans la charge symbolique du surnaturel. L’ouverture, citée ici et là comme une séquence profondément troublante, captive immédiatement par son intensité chaotique : une plongée dès les premières minutes dans une malveillance viscérale, qui marque de façon indélébile la mémoire du spectateur.


Pourtant, ce souffle primitif s’apaise trop tôt. Le film s’affaiblit en optant davantage pour le schéma du thriller d’investigation, au détriment de l’architecture anxiogène d’un huis clos hanté. La mise en scène y perd de son ardeur, ses sursauts deviennent calculés, parfois tarte-à-la-crème ; l’ambiance, jadis poisseuse, se dilue dans une esthétique plus plate, plus lisse.


Néanmoins, les interprètes — Vera Farmiga et Patrick Wilson — restent le cœur battant de cette œuvre. Leur incarnation du couple Warren infuse au récit une tendresse obstinée, une humanité salvatrice, comme ancrage du possible contre les forces occultes. Même dans un scénario jugé inégal ou trop balisé, leur présence constamment cité comme élément fort maintient un lien émotionnel intact.


La tonalité du film, comparée à ses prédécesseurs, est plus sombre, plus méditative et moins agressive, construisant une atmosphère moins spectaculaire, moins viscérale, mais empreinte de gravité adulte . Quelques fulgurances visuelles — notamment la scène du bain ensanglanté — dessinent des points de tension fugaces, mais ce sont des éclairs dans une nuit trop souvent apaisée.


Polarisé entre ambition et convention, le film s’impose comme une œuvre bâtarde : trop cérébrale pour les amateurs de frisonnant pur, trop conventionnelle pour ceux qui attendaient une vertige d’horreur psychique. Mais il y a, dans cet adieu assumé — parfois maladroit — aux Warren, un souffle incertain de mélancolie et d’expansion, une exploration maladroite peut-être, mais sincère, des frontières éthérées du réel.


Ainsi, Conjuring - L’Heure du jugement ne s’élève pas au panthéon de la peur viscérale ; il s’inscrit cependant comme un chant mélancolique à mi-chemin entre la traque paranormale et la quête intime, où l’ombre du passé Warren se mêle à une langueur élégiaque. Échec formel, peut-être ; mais pas encore triomphe du silence : un dernier murmure avant le crépuscule.

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Kelemvor

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