Ce film m'a cueilli.


Voilà un moment que je voulais voir ce film. D'abord, j'aime beaucoup les films qui traitent des centres de rétention pour mineur (ou autres), tels que Oslo 31 Août ou La Communion (qu'est-ce que je peux aimer ce film), car ils montrent des êtres perdus, en passe d'être des marginaux, des losers, des pourritures, mais pour lesquels ils reste une once d'espoir, celui qu'ils puissent s'en sortir, et revenir dans la société.


Petit pitch. Andrej est un ado presque adulte, qui passe ses nuits en soirée, et qui moleste une jeune fille s'étant moqué de son incapacité à lui titiller les gonades. Andrej est ainsi envoyé en centre de détention (il n'est pas proprement en détention, il est libre de rentre chez lui le week-end, mais ça change pas grand chose), un environnement masculin empli de testostérone, et y découvrira la vie en communauté, surtout la main-mise de Zele, le big boss du centre, sur ses camarades pensionnaires.


Le film est centré sur la relation entre Andrej et Zele. D'abord, il doit gagner sa place, et montre ses muscles pour devenir son bras droit. Et ensuite, petit à petit, leur relation évoluera vers quelque chose d'inéluctable, de plus intime, amenant Andrej de plus en plus loin dans la délinquence et sa déliquescence.


Car, choix scénaristique fascinant, cette relation devient peu à peu sexuelle. D'abord, nous voyons Zele tourner autour du jeune Andrej, puis, dans une scène qui rend un plan à 3 homosexuelle (puis à 2) une évidence implacable, malgré qu'elle puisse sortir de tout ce qui est envisageable dans ce contexte ultra-virilisé, Andrej et Zele couchent ensemble (puis-je dire que la scène ne dure pas assez longtemps à mon goût, aussi d'un point de vue dramatique et scénaristique). Et une relation de domination sensuelle malsaine se met en place entre les deux. Jusqu'à ce qu'elle explose.


Consequences est manifiquement interprêté par Matej Zemljic et Timon Sturbej les deux principaux protagonistes, le premier mutique et timide, le second viril et vénéneux, et il dresse un portrait intéressant sur la délinquence, sur les jeux d'influences multiples et néfastes qui mènent au délit, par conformisme, par défi, ou par amour (est-ce vraiment de l'amour) et sur l'impuissance de la fonction publique de répondre aux besoins et aux détresses (Alcoolisme, drogue, sexualités refoulées) de ces jeunes perdus, abandonnés. Car dans Consequences, les éducateurs sont des petits hommes malingres et incapables d'imposer leur autorité, faisant du placement d'Andrej l'évènement par lequel il descendra plus loin vers la délinquence, sous l'influence de Zele.


Consequences est un très bon film de descente aux enfers, qui, comme dans tous ceux de son genre, suit au plus près son protagoniste, et nous permet d'avoir de l'espoir pour lui alors qu'on est persuadé qu'il n'est pas destiné à la lumière. Variation fascinante sur le genre, l'intrusion de la sexualité dans ce milieu viril donne une tonalité unique à ce film et questionne la place de l'homosexualité dans une société profondément intolérante. J'ai hâte de voir ce que fera Darko Stante ensuite, s'il parvient à faire de nouveaux films

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le 18 août 2021

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Agregturp

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