C'est amusant de voir Contagion post-covid. Ça met les choses en perspective, montrant ce que le film exagérait, avait bien vu ou sous-estimé dans sa vision d’une pandémie. On voit d’autant mieux où celui-ci dramatise dans le but d'avoir un scénario accrocheur, mais aussi ce qu’on aurait dû prendre avec plus de sérieux et qu’on aurait en réalité eu tort de mettre sur le compte du divertissement. En fait, avant le covid, je ne me serais pas douté·e d'à quel point il pouvait être visionnaire, aussi bien en surface (la pandémie) que plus en profondeur, dans son étude de l’impact social d’une telle crise sanitaire. Avoir écrit un rôle de bloggeur antivax par exemple (Jude Law), c'est presque du niveau de Don't Look Up en termes de social awareness, même si le personnage est amené de manière assez anecdotique – et partout ailleurs on sent l'impact qu'ont eu les consultants dans le domaine médical.
Contagion est donc le parfait exemple d'un film de divertissement qui sert aussi à tirer une sonnette d'alarme. On peut l'analyser et le critiquer, le trouver ennuyeux et parfois un peu à côté de la plaque comme c'est un peu mon cas, mais derrière ses petites incohérences et ses tentatives parfois maladroites d'imaginer le pire scénario, je n’ai pas de mal à imaginer que Contagion a un peu adouci l’impact du SARS-CoV-2. A-t-il convaincu quelques conspirationistes ? Démontré les dilemmes des gouvernements ? Poussé quelques inquiets à la vaccination ? En tout cas il a accompli sa mission, cette mission avouée par une petite note en fin de générique de ce film de 2011 qui sort brusquement les spectateurs les plus assidus de tout fantasme d’anticipation : "il ne s’agit pas d’un "et si", mais de "quand"".
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