Deux ans après le colossal succès du diptyque "Un éléphant, ça trompe énormément" - "Nous irons tous au paradis", Yves Robert et Jean-Loup Dabadie reprennent la plume (avec toujours Jean Rochefort dans leurs bagages) pour la quatrième collaboration du trio - il y eut aussi "Salut l'artiste" quelques années plus tôt.


Et il faut bien reconnaître que "Courage, fuyons" sera leur opus le plus faible : le cœur n'y est plus tout à fait, la source est tarie, et/ou l'inspiration est devenue simple recette.
Le héros joué par Jean Rochefort ressemble trop aux précédents, même si l'accent est mis cette fois sur sa supposée lâcheté : un pleutre qui fuit les décisions, les conflits, les confrontations, au sens propre comme au figuré. C'est un peu léger comme caractérisation.


Auréolé de leurs succès précédents, Robert et Dabadie font appel à la star Deneuve pour donner du poids à leur distribution : et la belle Catherine s'en sort mieux que son alter ego masculin, héritant d'un rôle de femme forte et indépendante, chanteuse de music-hall qui sait se passer des hommes si besoin.
Un beau personnage (sans grande épaisseur cela dit), qui a le mérite de nous emporter pour une balade touristique dans les petites rues d'Amsterdam, où elle assure une tournée de quelques semaines.


Voilà, il faut se contenter de petites joies de ce genre dans "Courage fuyons", comédie romantique down tempo assez banale, même si quelques trouvailles du duo de scénaristes permettent de donne le change par moment (à l'image de cette amnésie simulée du héros, qui permet de relancer la mécanique à mi-métrage).


A l'inverse, certains gags apparaissent forcés ou redondants, et certains personnages pénibles ou mal exploités, à l'instar du frangin radin joué par Michel Aumont, dont les jérémiades outrées agacent rapidement.


Pas franchement mauvais mais loin d'être une réussite, tel est "Courage, fuyons", qui marque la fin de l'âge d'or de la comédie selon Yves Robert, qui saura heureusement se réinventer avec les remarquables adaptations des souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol.
Le trio Robert - Dabadie - Rochefort se réunira toutefois pour une ultime tentative en 1991, mais "Le bal des casse-pieds" démontrera que leur heure de gloire était bel est bien passée...

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le 11 déc. 2018

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Val_Cancun

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