Crave
5.3
Crave

Film de Charles de Lauzirika (2013)

Même si Crave est le premier long métrage de fiction de Charles de Lauzirika, le monsieur est loin d’en être à ses premiers pas dans le monde de la réalisation. Il s’est en effet spécialisé depuis des années en documentaires ainsi qu’en making of, notamment sur quasi tous les films de Ridley Scott. En co-signant le scénario de Crave, il pose sa caméra dans les rues de Détroit pour y suivre Aiden, photographe de crimes sévèrement paumé, tentant rien de moins que trouver un sens à son existence.

Se revendiquant sans ambiguïté de Taxi Driver, Aiden, à l’instar de Travis Bickle se rêve en justicier solitaire, est obsédé par une fille loin d’être aussi pure qu’il ne l’imagine et se détache petit à petit de la réalité. Côté réalisation, pas grand chose à redire sur le film. La photo est extrêmement léchée et les plans s’enchaînent avec une réelle harmonie sur cette ville fantomatique. On pense également beaucoup à Blade Runner dans le choix des couleurs, comme dans la représentation d’un univers urbain pourrissant de l’intérieur. Face à cette violence omniprésente, des voix prennent place progressivement dans la tête d’Aiden. Elles l’amènent à fantasmer sur la brutalité dont il se croit être capable, et ce dédoublement de la réalité donne lieu à des scènes gore particulièrement jouissives.

Seulement voilà, De Lauzirika a complétement omis de donner de l’épaisseur à son propos. Là où Scorcese utilisait son anti-héros de Taxi Driver pour nous donner à voir cette époque post Viêt-nam avec la chute du rêve américain, le réalisateur ne situe ici son personnage dans aucun contexte, qu’il soit politique, social ou historique. Le nihilisme d’Aiden n’est alors d’autant pas crédible que le scénario part dans tous les sens, sans réussir à donner d’unité aux différents choix de son protagoniste. Et en voulant à l’inverse coller au plus près du réel, Crave ne plonge pas non plus le spectateur dans son imaginaire propre. Cela aurait pourtant permis à Aiden d’interroger son humanité par exemple, comme Rick Deckard avant lui.

On reste donc avec Crave sur une analyse un peu basique – Aiden homonyme d’Eden s’interrogeant dès l’ouverture sur sa future place au Paradis ou en Enfer – et sur une péloche certes extrêmement réussie graphiquement mais dont le manque de substance ne permet pas de nous accrocher durant deux heures.
Miho
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le 2 janv. 2013

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