Un futur classique du film catastrophe ? Alexandre Aja lâche ses alligators...

Oui, en ce moment je m’abreuve de la carrière de Spielberg avec des films que j’ai sélectionnés. Cela ne m’empêche pas de faire un détour par la case Aja avec le passage de « Crawl », samedi soir sur Canal +, que j’ai donc visionné.


Pour le quatrième film que je voyais d’Alexandre Aja, c’est vrai que je m’attendais à du moins bon. Sceptique et pourtant tellement impatient. Mais « Crawl » a eu le don de me surprendre.


Avec ce scénario pas si mal foutu écrit sur un mouchoir de poche (en Floride, un père et sa fille se retrouvent bloqués dans le sous-sol de la maison familiale alors qu’un ouragan et des alligators arrivent droit sur eux), ce huis-clos oppressant a eu le don de me tenir en haleine. Oui, « Crawl » m’a scotché sur place, se prend au sérieux en dépit d’invraisemblances scénaristiques de départ, mais qu’importe, car ici et spécifiquement dans ce genre d’aventures, ce sont les sueurs froides qui priment. D’autant que la part de réalisme se tient également dans les dialogues avec l’absence totale d’humour bon enfant qui aurait pu faire ici défaut mais qui renforce cet état nerveux du métrage qui a été tourné… en Serbie !
Un film ainsi mis sous tension qui n’évite pas les clichés de ces films catastrophes. Mais qu’importe, car avec « Crawl », le fils d’Alexandre Arcady joue avec ses poncifs pour mieux nous immerger dans son aventure.


Au cours de ses péripéties, seuls deux personnages principaux, pour une fois !, tiennent le film. Et qu’importe si la psychologie du père et de la fille est esquissé à gros trait. Ici, ce qui prime, c’est l’action. Et le réalisateur, acteur (« Le grand pardon 2 ») et assistant réalisateur (« Entre chiens et loups ») pour son père, l’a si bien compris qu’il a embauché la physique Kaya Scodelario -aperçue dans « Moon » de Duncan Jones (fils de David Bowie), elle s’embarque ensuite dans des grosses productions (« Le labyrinthe », « Pirates des Caraïbes 5 »)- dans le rôle de la fille compétitrice qui sait se battre et le vétéran Barry Pepper -« Il faut sauver le soldat Ryan », « La ligne verte », « Trois enterrements », « True grit »…- étonnamment assez limité dans son jeu de père de famille. Donc ici, absence totale de seconds couteaux, ce qui n’est pas plus mal, car l’on rentre de plein fouet dans le sujet, et sur une durée courte (une heure et demie), cette production Sam Raimi nous embarque dans cet ouragan titanesque, alexandresque, alligatoresque.


Ainsi, du point de vue technique, on a d’assez beaux décors qui virevoltent dans tous les sens baignées d’une image bleutée, noire (qui arrive à capter la lumière de l’ouragan) et verte du sous-sol et de l’inondation (merci au chef opérateur Maxime Alexandre, spécialiste de l’horreur, fidèle collaborateur du réalisateur. « La colline a des yeux », « Catacombes », « Mirrors », « Annabelle 2 », « La nonne »), pleines de bons sens, contrôlés par le réalisateur de seconde équipe Grégory Levasseur (ami et fidèle collaborateur d’Alexandre Aja) nous offrant de très bons effets spéciaux avec ses alligators numériques incisifs et réalistes qui nous en mettent plein la vue. Bluffant !


Avec un sens de réalisation à part entière, Aja démontre avec « Crawl » qu’il peut être le nouveau spécialiste de l’horreur made in France. Ce survival aquatique, mitonné par un indéniable savoir-faire mécanique et de mise en scène peut se targuer d’être le petit frère de « Anaconda » (1997) avec cette prise d’initiative de nous immerger corps et âmes dans l’aventure que vivent ces deux personnages. Ou quand le réalisateur de « Piranha 3d » ou de « La colline a des yeux » (version 2000) donne de la consistance à son métrage et arrive à se mettre à la place du spectateur. Bravo Alexandre, belle petite victoire.
Peut-être encore assez loin des références absolues du genre (« Jaws », « Jurassic park », « Alien ») cette bonne petite série B sait s’apprécier à sa juste valeur.


« Crawl », de sa hauteur, est ce divertissement qui saura sans doute perdurer dans le temps comme cet « Anaconda » ou autres « Mutante » ou « Pic de Dante » que je considère aujourd’hui comme des classiques de genre car la roublardise de réalisation équivaut aux moyens mis en œuvre ainsi qu’à la dextérité du réalisateur de se prendre au sérieux.


Interdit aux moins de 12 ans.


Spectateurs, alligators pour un jour, Alexandre Aja pour toujours ?

brunodinah
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le 1 avr. 2020

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brunodinah

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