A lire sur Neocritics...


A travers toute sa filmographie, Del Toro à cette capacité, de manière générale, de s’approprier des univers pour y injecter ses propres visions. Ils sont nombreux, allant du comic-book à la science-fiction, passant par le gothique ou le fantastique. Aucune surprise alors vis-à-vis de Crimson Peak, se déroulant dans une maison hantée par des fantômes, qui mettra son héroïne en confrontation directe avec un univers morbide et mystérieux.


Mais il convient de revenir sur un point : nombreux sont les réalisateurs qui rendent perpétuellement hommage au cinéma qui les ont inspirés, se comportant tels de grands enfants qui font de leurs rêves des réalités. Et il n’y a d’ailleurs aucun problème là-dedans, certains faisant cela très bien (Tarantino, De Palma, Jackson). Seulement, il convient de ne pas tomber dans le piège de l’hommage formel, chose que fait continuellement Del Toro. Crimson Peak est – malheureusement – une accumulation de poncifs et de clichés du genre gothique. Entre sexe, mort, psychologie et littérature, obnubilé par la forme de son récit et ses effets de style (les fondus en iris), Del Toro pense rendre hommage quand il ne fait que suivre un cahier des charges, comme tiraillé entre le genre (qu’il se devrait de respecter pour les aficionados) et le divertissement de masse (son film est rodé pour le plus grand nombre). Si Crimson Peak est plus un film romantique qu’effrayant, il convient alors de mieux définir ses personnages plutôt que de s’attacher au décor et sa symbolique. Le réalisateur nous avait pourtant ébloui avec son Pacific Rim, hommage évident aux kaïjus eigas (cinéma de monstres), mais dont la démesure et la symbolique offrait à tous la possibilité d’y trouver son compte. D’autant qu’il s’accompagnait d’une vraie patte d’auteur, profondément personnelle.


Aujourd’hui, il semble se reposer sur ses acquis, les amateurs connaissant ses inspirations, leur servant exactement ce qu’ils attendent. Mais il est probable qu’ils soient tout autant déçus que les autres tant ce réalisateur à l’âme d’enfant semble agir ici en roue libre, dans un fétichisme rétro très actuel mais réalisé de la pire des manières. Recopier le vieux pour en faire du neuf n’est pas forcément la bonne méthode, surtout quand cela n’apporte strictement rien au genre.

Florian_Bodin
3
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Année 2015 - Cinéma, Le pire du cinéma en 2015 et 2015 - Ennui Cinématographique

Créée

le 22 oct. 2015

Critique lue 396 fois

3 j'aime

Florian Bodin

Écrit par

Critique lue 396 fois

3

D'autres avis sur Crimson Peak

Crimson Peak
Veather
5

Prim Son Creak

Le titre en anagramme ça peut faire « fils guindé grincement ». Je me suis creusé la tête, t'as vu. Rarement j'ai vu dans un film des scènes de sexe risibles à ce point. On n'y ressent...

le 18 oct. 2015

66 j'aime

20

Crimson Peak
Behind_the_Mask
9

La délicatesse du macabre

C'est peu dire que je l'attendais, Crimson Peak, depuis que le projet fut officialisé comme prochain film de l'ami Guillermo Del Toro. Mais je voulais préserver à tout prix la magie, le mystère,...

le 14 oct. 2015

64 j'aime

39

Crimson Peak
zoooran
6

Le Toro par les cornes

En cette belle soirée du 28 septembre, Mia Wasikowska, Tom Hiddleston et le "maestro" Guillermo Del Toro étaient à Paris, à l’UGC Bercy, pour présenter une des plus grosses attentes de cette fin...

le 29 sept. 2015

55 j'aime

7

Du même critique

A Ghost Story
Florian_Bodin
10

Laisser sa trace

A lire sur Cinématraque Nous avons tous perdu l’être aimé, dans la mort ou dans la rupture. Quand un couple se divise, ce n’est pas simplement une relation qui s’arrête, mais tout ce qu’elle a...

le 4 sept. 2017

22 j'aime

6

Monuments Men
Florian_Bodin
4

Art mineur

Depuis plus de cinquante ans, les films sur la guerre sont présents dans l'histoire du cinéma. Justement parce qu'ils servent, en général, à juger, critiquer, remettre dans un contexte ou même...

le 12 mars 2014

22 j'aime

Vanilla Sky
Florian_Bodin
9

The little things

Ce n’est pas si souvent qu’un remake soit pertinent et intelligent. Et qu’il soit en plus si bien pensé qu’il arrive à rester encore dans un coin de notre esprit quelques jours après le visionnage...

le 29 janv. 2014

19 j'aime

1