La beauté d’Agnès, déjà, oui

Ce film est tout d’abord un sévère avertissement, pour ne pas dire un avertissement sévère, à tous ceux qui se bourrent de pistaches à l’apéro et qui, du coup, ne touchent pas à la bûche prévue pour être au dessert l’apothéose du repas.

Revoir ce film aussi longtemps après qu’il soit sorti fait ressortir ma nostalgie du temps

où Bacri était encore vivant, la preuve il joue dedans,

où Zabou ne s’appelait encore Zabou Breitman parce que Le Pen n’avait pas encore demandé pourquoi elle ne donnait pas son patronyme,

où Darroussin osait avoir des rouflaquettes horizontales d’un goût indubitablement douteux

et où Agnès Jaoui qui, je trouve, aujourd’hui vieillit extrêmement bien, avait déjà une beauté dont je ne me souviens pas, sans doute parce que moi j’ai une mémoire qui, elle, ne vieillit pas aussi bien, la preuve, j’ai beau avoir vu ce film-là, j’ai mis du temps à comprendre que la caméra n’irait jamais dans le salon ou la salle à manger, d’où le titre, avec un double sens pour le mot « dépendances ».

C’est mieux que du théâtre filmé car ce théâtre est bon et il est bien filmé.

Enfin je vais « spoiler », comme à l’époque on ne disait pas autant qu’aujourd’hui, mais seulement un peu, en écrivant qu’à la fin, les deux seuls qu’on ne voit jamais vont repartir ensemble tandis que la caméra en accompagne un troisième qui sous la pluie ne chante pas.