Da Vinci Code est, avant d’être l’adaptation au cinéma par Ron Howard, un roman ayant fait énormément de bruit à sa sortie et dont le film a reçu un accueil loin d’être si amical et positif. Il a failli subir plusieurs censures dans certains pays, la critique américaine l’a clairement boudé et ne s’est pas gêné pour le comparer au roman de Dan Brown pour dénoncer ses problèmes, l’institution religieuse catholique de l’Opus Dei s’est aussi plainte pour que son nom ne soit pas mentionné dans le film, et aujourd’hui ce film a une moyenne bien médiocre… mais pas à juste titre selon moi.


La première fois que j’ai visionné ce film, c’était la version cinéma, et là déjà je trouvais les réactions négatives et critique de la majorité du public exagéré. Ce n’était clairement pas un chef d’œuvre mais tout ce que racontait ce film m’avait trop intéressé pour que ça me déplaise. Je me suis empressé de lire le roman, et je l’ai dévoré très vite tant beaucoup de chose m’ont paru plus clair : les personnages étaient loin d’être déplaisant à suivre, les faits historique et religieux très intéressant, l’intrigue bien ficelé, les chapitres s’enchaînait bien et je m’étais clairement pas ennuyé malgré certaines scènes et flash-back pour le personnage de Langdon parfois superflu. Et comme Inferno sort cette année et qu’il s’agira de la troisième adaptation d’un livre de Dan Brown, toujours centré sur les aventures de Robert Langdon, je me suis donné comme but de revoir les deux premières adaptations ainsi que les romans.


Et après revisionnage, je continue toujours à penser que Da Vinci Code ne mérite pas un tel bashing. En y repensant, c’était inévitable puisque, d’après ce que j’ai pu lire, ce film s’est principalement fait descendre par les fans du roman de Dan Brown, et aussi pour son fond religieux. Par contre, autant vous dire tout de suite que je vais souvent comparer le film avec le roman en question pour le juger en tant que film et adaptation donc, si vous n’avez pas lu le roman, je vous conseil de le lire avant, sinon… ben faites comme bon vous semble mais je vous aurais prévenu.


Voyons ce que ça donne pour les personnages et les acteurs : Tom Hanks revient, une nouvelle fois aux côtés de Ron Howard après Apollo 13 pour le personnage de Robert Langdon, un professeur en symbole religieux à Harvard très cultivé et de nature sceptique qui se retrouve, contre son gré, impliqué dans une affaire de meurtre et de guerre entre société religieuse. Et franchement, l’acteur s’en sort bien et le personnage n’est pas du tout désagréable à suivre, sa culture et ses connaissances en histoire et en religion ainsi que la merde ou il se trouve le rendent facilement intéressant. Il est dommage qu’on n’ait pas le droit aux flash-back sur certains cours qu’il a partagé avec ses étudiants d’Harvard, notamment en ce qui concerne le portrait de la Joconde, mais je vais vous dire une chose : le roman fait plus de 550 pages et la version cinéma près de 2h30 et la version longue 2h54 générique de fin inclus, ça n’aurait jamais été possible de tout reprendre page par page pour en faire un énorme copier-coller. Et tel qu’il est, le personnage reste assez fidèle.


Audrey Tautou, alias Amélie Poulain chez Jeunet, interprète Sophie Neveu, une cryptologue de la police criminelle française qui accompagnera Langdon tout au long de son enquête et souhaite tout autant que Langdon découvrir la vérité sur le meurtre du conservateur du Louvre. Là par contre, je pourrais comprendre que les fans du roman trouve Tautou asez fade vu que le roman lui donnait quand même pas mal de dimension. Mais en tant que tel, ça reste un personnage correct et Audrey Tautou remplie très bien sa part du contrat. Même si certains dialogues auraient mieux fait de ne pas être écrit,


comme ceux ou Sophie raconte à Langdon qu’elle aimait passer sa tête par la vitre de la voiture quand elle angoissait et que son grand-père la comparait à un gentil petit chien (un gentil Tautou donc ? Maintenant vous savez pourquoi elle a été choisie pour ce rôle).


Au-delà de ça, elle reste assez sympathique aux côtés de Langdon pour ne pas passer un mauvais moment.


Pour ce qui est du cas Jean Reno et du personnage qu’est le commissaire Bezu Fache, je suis beaucoup plus mitigé. Reno fait sa part du job mais, là ou dans le roman on prenait le temps de lui donner du caractère, ici il perd pas mal en intérêt, mais j’y reviendrais. Ian McKellen, en revanche, a toujours son charme habituel et donc aucun souci avec lui et son personnage de Leight Teabing, plus surprenant qu’il n’y paraît. Paul Bettany était glaçant en Silas, là aussi son personnage n’est pas trahi par rapport au roman, un peu moins profond mais dans les grandes lignes on sait à qui on a affaire. Alfred Molina jouait l’évêque de l’Opus Dei, là par contre si le comédien s’en sort bien, j’ai plus de réserves sur son personnage. Etienne Chicot et Jean-Yves Berteloot étaient bon, Jürgen Prochnow faisait le job, en principe des bons comédiens mais un traitement assez inégal entre les personnages.


En revanche, je n’accepterais pas qu’on dise que la musique de Hans Zimmer est ratée. Je trouve même regrettable qu’on n’en parle pas plus, le thème principal est sublime sans jamais être trop utilisé et les chœurs apportent une vraie ambiance à l’intrigue, l’aspect religieux s’en retrouve renforcé. Curieux de voir ce que ça donnera avec Inferno cette année.


Pour la réalisation je reste par contre choux blanc, et ce pour une raison simple : Ron Howard est tout sauf un réalisateur que j’apprécie énormément ou de renom. Pas qu’il soit mauvais, il est même compétent, mais c’est un réalisateur qui accepte énormément de commande de la part des studios et n’a pas une mise en scène qui lui est propre ni de thème qu’il développe particulièrement dans ses films contrairement à des réalisateurs comme Steven Spielberg, Guillermo Del Toro, Tim Burton, Martin Scorsese ou encore Quentin Tarantino. Surtout que le seul film du gars que j’ai adoré, parmi ceux que j’ai vu, c’est Un Homme d’exception (je n’ai pas revu Rush depuis longtemps). On ne peut pas dire que ça soit platement réalisé, c’est même correctement mis en image, c’est pas mal monté ni mal filmé en principe, mais ça aurait pu être n’importe quel autre réalisateur que je ne saurais pas dire si c’est un film de Ron Howard ou pas. Même son dernier en date Au cœur de l’océan aurait pu être fait par n’importe quel yes-man un minimum connaisseur que je me souviendrais pas de son nom… m’enfin, Ron Howard est toujours plus intéressant qu’un yes-man d’un Marvel mineur comme Peyton Reed ou autre.


En revanche, pour le scénario, là il y va y avoir énormément à dire, et en fait je suis quasiment sur que c’est à cause de ça que ce film a (et est toujours) autant boudé par le public. Comme beaucoup de bouquins adapté au cinéma, tel que les Harry Potter, Hunger Games, Shining ou Seul sur Mars plus récemment, nombreux sont les fans du roman de Dan Brown a avoir fait un gros rapprochement avec son roman et comme beaucoup de fans hardcore, les avis positifs n’ont pas vraiment pris le dessus. Après, il y a deux types de public qui crachent sur ce film : les fans extrêmes du roman, et aussi les fanatiques religieux.


Pour vous faire simple : imaginez que vous parlez à un catholique ou un chrétien convaincu et que vous lui disiez soudainement


« Et si Jésus n’était pas une divinité ? S’il n’était en réalité qu’un homme et qu’il avait une descendance avec Marie-Madeleine ? ».


Vous pensez qu’il va accepter cela sans rétorquer ? Non, et ben c’est très probablement pour cette raison que Da Vinci Code s’est fait latter.


Cela dit je ne vais pas non plus dire que ce film n’est pas dénué de défauts, parce qu’il en a un bon nombre, à commencer par le cas de l’Opus Dei et de son objectif qui diffère du livre :


dans le roman, Aringarosa et Silas veulent retrouver les documents secrets du Prieuré de Scion et le Saint-Graal afin de faire pression sur le Vatican pour que leur organisation ne soit pas dissoute car elle est considérée comme trop extrémiste et moyenâgeuse.
Ici, (d’après ce que j’ai compris), Aringarosa retrouve des membres de l’Opus Dei pour récupérer 20 millions de crédit du Vatican qu’il doit échanger au guide contre les documents sur le Saint-Graal qu’il détruira après avoir supprimé les membres du Prieuré de Scion car étant en guerre religieuse contre leur doctrine sur le féminin Sacré et la réalité sur la descendance de Jésus. Ce que je trouve dommage puisque le dilemme par lequel passe Aringarosa et Silas dans le roman est plus intéressant et donne de la dimension à ces deux personnages, même si la remise en cause de la divinité de Jésus n’a rien d’ennuyeux et constitue quand même une motivation.


C’est même dommage de ne pas s’attarder un peu plus sur leur relation, entre Silas et Aringarosa.


Cela dit, je trouve que ce n’est pas plus mal d’avoir écourté certaines scènes d’enquête de Sophie et Langdon. Dans le roman, celle au Louvre fait plus de 100 pages à force d’enchaîner les flash-back, ici ça s’enchaîne bien et ça reste suffisamment prenant pour ne pas s’ennuyer, surtout que les énigmes souvent à double sens et la manière de les résoudre sont généralement bien ficelé,


exemple tout bête, les chiffres dans le désordre étant la suite de Fibonacci mais également le mot de passe du coffre à la banque Zurichoise ou le cryptex est caché


, j’aime même voir à quel point cette série d’énigme fait voyager pour en arriver à la révélation finale,


bien que la dernière partie à la Chapelle de Roselyn traîne en longueur.


Mais après il y a un autre point que je n’ais pas très bien saisi et ça concerne justement Bézu Fache : dans le roman, il est décrit comme un fervent catholique acharné à son travail de flic mais à aucun moment je n’ai eu le souvenir qu’il était membre de l’Opus Dei, à la limite le livre le laissait suggérer mais rien n’était officiel… point que ce film a décidé de rajouter pour je ne sais quelle raison.
Donc alors, juste une chose : P-O-U-R-Q-U-O-I ? Qu’est-ce que ça apporte si ce n’est que pour justifier


qu’il voit Robert Langdon comme coupable de l’assassinat de Saunière ? Le fameux




PS : Trouver Robert Langdon




suffisait à le suspecter, pas la peine de rajouter une scène ou l’on voit Fache dire à Collet qu’Aringarosa lui avait parlé de Langdon comme d’une menace et comme l’assassin de Saunière…


Ce point devient en légèrement bordélique !


Au-delà de ça, l’intrigue principale du roman reste quand même respectée, certains retournements marchent même plutôt bien,


comme celui sur Leigh Teabing qui fait un antagoniste se tenant plutôt bien au final, son obsession pour obtenir le Saint-Graal constituant la quête de toute une vie étant bel et bien présent (et Ian McKellen est trop bon acteur pour que je reproche grand-chose au personnage) et la duperie dont il a fait preuve crédible avec ce que raconte les éléments de l’intrigue.


En clair, je persiste toujours à penser que cette adaptation ne mérite pas un si mauvais accueil. C’est clairement pas un grand film, ni la meilleure adaptation du monde, et surement pas une claque, mais Da Vinci Code reste un film d’enquête sur fond religieux tout à fait correcte et loin d’être inintéressant, même si on n’a pas lu le roman. Il est évident qu’il ne fera pas l’unanimité en raison de son fond religieux, mais je suis quand même plutôt preneur. Curieux maintenant de revoir Anges et Démons après avoir lu le roman du même nom.

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