Par une soirée solitaire, en cette date symbolique où les couples s'offrent des roses et s'esbaudissent au restaurant, je file au cinéma. Pour un tarif très raisonnable, je me retrouve dans la salle remplie d'une petite trentaine de curieux. Le film s'appelle Daaaaaali. Le pitch tiendrait dans l'épaisseur d'une feuille pour rouler du cannabis. Le réalisateur Quentin Dupleux, nous plonge une petite heure dans l'univers du peintre excentrique concentrique - les différents Daaaaaali avec 6 a, pour les 6 acteurs qui batifolent derrière la plus célèbre moustache du XXème siècle. Edouard Baer y est truculent de malice surréaliste tandis que Jonathan Cohen lui donne une consistance d'acteur égocentrique, sorte de Gloria Swanson au masculin tout juste échappé du Boulevard du Crépuscule. Les autres Dali sont plus rafraichissant tandis que le Dali vieillissant avec bonnet et fauteuil roulant s'interroge sur le sens de la vie. Sur le sens de Dali. Le film est frais comme un soir de Saint Valentin, un 14 février mais raconté comme un rêve inachevé de Luis Bunuel. Quel autre auteur pourrait rassembler un cowboy, une journaliste, un évêque, une jeune apprentie soubrette posant genoux à terre pour livrer un appel téléphonique et une Rolls ensablée? L'ancien chef monteur sait utiliser son budget de 6,71M€, pour raconter une histoire sans queue ni tête dans laquelle on devine une seule fois le peintre face au chevalet. Comme un Bowie dont on ne montrerait la vie qu'une fois sorti de scène. Artiste hors du commun, Dali se rêvait acteur excentrique jouant un personnage tellement exagéré qu'il en devenait authentique. Tellement proche de Pio Marmaï et Gilles Lellouche, sans doute. Mais me boudons pas notre plaisir. Nous conserverons une surimpression d'Edouard Baer et Jonathan Cohen, sans Amanda Lear mais avec Gala. Dans un bon petit film qui se laissera regarder sur France 3 et OCS.
Mercredi 14 février 2024