Dangerous Animals
6.2
Dangerous Animals

Film de Sean Byrne (2025)

Et si le principal ennemi du cinéma n'était ni le streaming pirate, ni le népotisme, ni le politiquement correct constant, ni l'omniprésence à l'écran de Kad Merad, ni le financement nébuleux, ni la CGI, mais bien le "phubbing" ? Qu'est-ce que c'est encore que cet anglicisme dégueulasse que tu nous sers dans ta chronique bourrée de digressions me direz-vous ? (pour ceux qui commentent, première parenthèse).

Le "phubbing" est la pratique de snober une personne ou une activité en plongeant son nez dans son téléphone portable. Et si la rudesse de cette pratique m'empêche de le faire devant mes proches, j'avoue m'y adonner parfois, durant certaines poses déjeuner avec des collègues me détaillant leur journée à Disney Land, ou encore devant les derniers films de Danny Boyle.

Car c'est une réalité, devant un mauvais film je jette de plus en plus souvent un œil sur mon portable. Une triste faillite de concentration que je pointais du doigt chez mes contemporains il y a encore peu de temps, et dont je me rends coupable pour les raisons avancées plus haut (népotisme toujours plus visible à l'écran, le politiquement correct constant, recours intensif à la CGI, Kad Merad en Pape etc...). Un phénomène qui se déclenche devant beaucoup de films d'horreur, comme par exemple la trilogie de l'escroc Ti West.

Et je m'attendais donc à scroller comme un malade en lançant ce Dangerous animals, préparé à être déçu par la nouvelle star de la série B. Et à ma grande surprise, je n'ai pas dévié mon regard de l'écran de tout le film.

Le réalisateur, un certain Sean Byrne a réussi un tour de force, non pas à capter mon attention sur une heure 30, mais à faire un bon film de requin. C'est un pari fou, insensé, mais réussi. Comme quoi les millions de dollars dépensés dans 134 films de requins tous plus cons les uns que les autres n'ont servi à rien, on le sait maintenant.

Il suffisait d'injecter dans le film, un genre non moins usé jusqu'à la corde : le film de serial killer. Une symbiose inattendue opère dans Dangerous animal. Revitaliser le film d'horreur en faisant se télescoper deux des prédateurs les plus flippants sur 7e art. Pourquoi personne n'y a songé avant ?

Marlin l'enchanteur

Le truc qui marche le plus souvent sur moi devant un film d'horreur, c'est sa crédibilité. C'est con, je sais bien mais à partir du moment où je vois une nonne maléfique qui se téléporte par jumpscares, ou une octogénaire sanguinaire armée d'une hache qui dépiaute des jeunes pour refouler ses pulsions sexuelles, j'ai du mal à y croire, et donc à avoir peur.

Alors qu'un jeune couple naissant qui décide de faire une balade en bateau et de payer un spécialiste pour observer les requins dans un cage, et qui se retrouve à la merci d'un psychopathe dont le passe temps est de filmer en VHS les attaques de grand blanc, bah ça me fout le traczir. Car je me dis que l'Homme est tellement cinglé - surtout en Australie - qu'on pourrait lire un fait divers de cet ordre dans un journal. J'achète même le casting de seconde division, car c'est une série B après tout.

J'achète Bruce Tucker (Jai Courtney) ce mélange improbable entre Richard Dreyfus (eh eh eh), Stephen Graham et... François Damiens.

J'achète plus difficilement Zephir (Hassie Harrisson), une SDF botoxée malgré sa philosophie de vie basée sur le détachement et le fait d'être authentique. Une surfeuse qui se révèle être une finale girl alpha ++ - comme les alpha dans le dernier Danny Boyle, (mais sans la saucisse de morteau qui pendouille entre les jambes, était-ce bien nécessaire Danny ?). Hassie Harrisson est crédible dans certaines scènes de captivité mais un peu agaçante dans sa romance avec Moses (Josh Heuston). 

Le film n'est pas parfait évidemment, et quelques incohérences ou idées absurdes plombent tardivement le récit

(Zephir qui mange sa main pour nous faire comprendre qu'elle est le vraie requin de l'histoire, ou encore le plan où elle se retrouve nez à nez avec le grand blanc qui l'épargne, car la puissance ne respecte que la puissance c'est bien connu, vraiment dispensable et cheap).

Quelques maladresses qui empêchent le film de transcender son genre, et c'est bien dommage. A noter une BO sympa et une réalisation simple et efficace, et plus important pas de leçon de vie ou de message lourdingue sous jacent. Le pêché mignon de nombreux réalisateurs en mal de reconnaissance artistique. Que demander de plus ? 

DA reste une excellente surprise, qui nous interroge. Comment se fait-il qu'on trouve aussi peu de bons petits films comme celui-là ?

Kad Merad va bien finir par s'y met... oh wait.

Negreanu
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le 27 sept. 2025

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