"They can't break us, they can't make us endure their reality, bleak and bloody as it is."

En excluant l'exactitude ou l'inexactitude historique de la relation entre Mr. Disney et Mme Travers, l'ingéniosité de ce film se base sur le conflit entre reproduire la dure réalité et s'en inspirer pour créer une image différente. La représentation de la vie dans sa sensible cruauté n'est pas une option pour Mr. Disney qui cherche à tremper sa création dans une imagination positive. Mais l'espoir illusoire de son adaptation est une exigence qui éloigne la dure réalité de la vie, et Mme Travers qui demande impérativement à ce que la vérité ne soit pas masquée par un enchantement, refuse catégoriquement de transformer ses profondes pages en une animation risible. Le débat entre la vision magique et la vision réelle est depuis toujours source de problème quant aux différentes perceptions. Se laisser transporter dans l'espérance du rêve serait-il alors une vision optimiste de la vie, ou une blessure fatale, une déception inévitable?
Si ce film a évidemment défendu les studios Disney, il a également réussi à critiquer cette "machine à sous", et l'aisance avec laquelle il jongle avec ces deux points de vue opposés est impressionnant. L'intensité émotionnelle avec laquelle la question est traitée, est essentiellement touchante et inoubliable.

(Je dois aussi ajouter que les performances de Emma Thompson et Tom Hanks sont remarquables!)