Après les quelques déceptions qu'il a essuyé à la fin des années 80, Clint Eastwood revient sur le devant de la scène grâce à la décennie suivante qui lui permet de passer à des rôles plus matures, son âge étant désormais bien avancé. Il joue et assume donc des rôles de vieilles personnes qui restent néanmoins dans le feu de l'action... et Dans la ligne de mire en est le parfait exemple ! Oscarisé l'année précédente pour Impitoyable, le voici dirigé par le brillant réalisateur de films d'action allemand Wolfgang Petersen...
Inspiré par les évènements survenus lors de l'assassinat de JFK, le scénario écrit par le sombre inconnu Jeff Maguire est intelligemment écrit, à la fois original et bourré de moments forts, il ne tourne jamais au ridicule et offre au contraire une belle réflexion sur la rédemption d'un homme poursuivi par ses démons intérieurs. Nous suivons donc l'implication de Frank Horrigan, agent des services secrets américains qui s'en veut de ne pas avoir pu sauver l'ex-président Kennedy, dans la protection du Président, menacé par un dangereux psychopathe aussi joueur qu'insaisissable (John Malkovich, comme d'habitude parfait).
Le film s'appuie donc sur un suspense palpable autour de ce jeu de chat et de la souris entre le chasseur et la proie et ce avec une certaine efficacité. Petersen arrive à insuffler à ce thriller machiavélique, dont le sujet reste foncièrement original, ce qu'il faut de tension et de quelques séquences d'adrénaline qui prouvent que M. Eastwood a encore la forme, en témoignent les scènes de course-poursuite haletantes entre notre héros et ce caméléon humain.
Mais la vraie puissance du film réside dans les dialogues truculents, que ce soit ceux balancés par un Eastwood surprenant de crédibilité et d'enthousiasme en garde du corps à la limite de la paranoïa et ceux, plus tendres mais non dénués d'une certain côté terrifiant, de son ennemi. Ainsi, Dans la ligne de mire est un surprenant thriller qui se regarde agréablement et arrive à ne pas perdre une seule ride année après année, s’inscrivant par ailleurs parmi les meilleurs films que Clint n'a pas réalisé.