Zen, dépaysant, voilà un film qui fait du bien. « Dans un Jardin qu'on dirait éternel » suit Noriko, une étudiante qui vit encore chez ses parents et hésite sur la voie à suivre pour travailler dans l'édition. Sa mère lui suggère d'apprendre l'art du thé auprès d'une voisine, Mme Takeda. Sa cousine Michiko la convainc de l'y accompagner, et les deux jeunes femmes découvrent peu à peu les innombrables subtilités de la cérémonie du thé. D'abord un peu réticentes, elles se prennent au jeu à mesure que les saisons et les années passent, et les enseignements de Mme Takeda les aident à affronter les événements majeurs de leur vie.
« Dans un Jardin qu'on dirait éternel » est le film parfait pour échapper aux anxiétés de la période actuelle. Sur un rythme paisible qui suit les 24 saisons de l'année (il y a celle de la rosée blanche, celle des grands froids…) et dans un intérieur traditionnel japonais épuré et apaisant, le spectateur est introduit avec Noriko à tous les secrets de la cérémonie du thé : la dégustation des wagashis, comment plier sa serviette, ouvrir la porte pour accueillir les invités, mélanger le thé et laisser retomber la dernière goutte d'eau… On sourit souvent devant la complexité des gestes que les jeunes filles mettront des mois à maîtriser, avant que la saison change et tout le cérémonial avec!
Kirin Kiki, une réputation de « grand-mère idéale »
Sorti au Japon en 2018, le film, inspiré d'un essai autobiographique, s'y est taillé un joli succès. Il faut dire qu'il est porté par Kirin Kiki, superstar là-bas - elle y charrie la réputation de « grand-mère idéale » - et qui est décédée juste après le tournage d'un cancer du sein qu'elle endurait depuis dix ans. L'immense actrice, que les Français connaissent surtout pour ses rôles dans « les Délices de Tokyo », de Naomi Kawase (2016), et « Une Affaire de famille », de Kore-eda (2018), est l'âme de ce film, l'incarnation d'un certain art de vivre (elle ne quitte jamais son kimono, évite de marcher sur les lignes du tatami). Une fois encore, son talent nous touche au cœur, et la dernière scène du film résonne comme un message testamentaire.