Cycle Western - Episode 18 - Le courage et la romance

Dès le début des années 70, passée la déconstruction du genre du western par les italiens, puis par le nouvel Hollywood, le genre est tombé en désuétude. Non qu'il ait été complètement abandonné, Clint Eastwood, entre autres, en signant quelques uns de belle facture dans la décennie, mais clairement, ce n'est plus ça qui déplace les foules.

Et tout d'un coup, Kevin Costner, à l'apogée de sa gloire d'acteur, décide de réaliser son premier film, et ce sera un western (d'ailleurs il ne réalisera que des westerns). Et compte tenu du genre (considéré en bout de course) et du thème (les indiens sont les gentils, l'armée américaine est dégueulasse), le financement sera compliqué.

Kevin a persévéré, il a fait son film, et il a fait pété les scores, au box-office et à la critique. Les financiers d'Hollywood sont des crétins.

Danse avec les loups a beaucoup de points de communs avec Little Big Man :

  • Un homme blanc s'intègre dans une tribu indienne (à chaque fois, les cheyennes)
  • On découvre les moeurs et le mode de vie des indiens, dépeints comme plus bienveillants que les blancs
  • Les indiens font corps avec la nature et ses éléments. Ils ne tuent que pour subsister, ils transhument en fonction du climat
  • Les indiens ont droit à des personnages forts
  • L'armée américaine est cruelle et ses soldats sont des imbéciles
  • Les paysages sont durs mais beaux

Mais la proposition de Costner diffère quand même fondamentalement de celle de Penn. Costner est constamment au premier degré alors que Penn veut aussi faire rire pour faire passer la tragédie avec son Jack Crabb.

On passe donc d'un récit éminemment picaresque à un éminemment romanesque. Ca en augmente peut-être l'intensité, la densité tout en en diminuant les phases de respiration. Les deux choix sont intéressants.

Encore un très beau film, en tout cas, dans l'histoire, dans la façon de la raconter et dans celle de filmer les paysages, les hommes.

J'émettrai un regret. Très sensible à la bande sonore, j'ai trouvé celle de John Barry beaucoup trop appuyée, larmoyante, violoneuse. Je comprends bien qu'il faille accompagner le romanesque du film, mais là, c'est trop.

Allez, un deuxième : le héros tombe amoureux de la seule blanche de la tribu, recueillie sur un schéma similaire à celui de Little Big Man. C'est dommage, mais pourquoi pas. En revanche, la coupe de cheveux de l'actrice m'apparaît comme hautement improbable dans le contexte, très 90's à l'occidentale, plus proche de Bonnie Tyler que de Pocahontas. Mais c'est un détail...


Conseil pratique : commencez le film de bonne heure, il dure 3 heures. C'est le plus long de cette liste.

John-Peltier
8
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le 25 déc. 2022

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John Peltier

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