On attendait un peu de ce dernier Burton qui revient dans son domaine de prédilection : l'univers vampirique et gothique. Un peu mais plus trop. Parce que depuis la fin des années 90, la poésie de Big Fish mise à part, Burton est rentré dans le rang. Il fait partie de ces auteurs un temps géniaux qui ne se mouillent plus trop, assis tranquillement sur leur tas de pognon, ici garantie par l'empire Disney, trop content de s'approprier un des réalisateurs hollywoodiens qui avait un des univers les plus personnels et les plus marginaux. Et de ce film, que peut-on en dire ? Un beau gâchis. Quelques bonnes idées, quelques bonnes répliques, de la bonne mise en scène (c'est la moindre des choses pour un réalisateur émérite) mais des effets spéciaux qui font toc et policé. La magie du conte de fée ne pointe plus nulle part. Le film se résume à des phrases clefs du genre auquel tout le monde s'attend (le dialogue entre les deux amoureux Barnabas [Johnny Depp] et Victoria [Bella Heathcote], quand le premier avoue qu'il est un vampire immortel tandis la seconde vieillira inéluctablement, c'est-à-dire une mise en scène de la malédiction du vampire, ne pourrait être plus stéréotypé), récitées avec un vocabulaire littéraire pour faire vaguement sérieux.


La palette d'acteurs, entre l'entourage de Burton (Johnny Depp, Helena Bonham Carter, Michelle Pfeiffer), les belles actrices embauchées pour faire joli (Bella Heathcote, Chloë Moretz et la James-Bond-girl Eva Green), et les célébrités, aussi là pour faire joli (Alice Cooper, Christopher Lee) ont tous l'air de faire de la figuration, de ne pas s'impliquer, de passer par là comme des businesspersons flairant l'argent sûr.


Le cadre du scénario, mettant en scène le clash des années hippies avec des vampires aurait vraiment pu donner une comédie réussie, surtout avec un Tim Burton qui avait été pendant longtemps et avec panache à la croisée des genres. Mais les rares apparitions des jeunes hippies sont utilisées pour faire une caricature atterrante du flower power, une caricature peut-être censée être drôle, mais qui n'a pas évoluée d'un pouce depuis les années... 1970. La famille de gothiques où Barnabas le vampire s'installe, copie elle en plus mauvais La Famille Addams. Et la méchante du film (Eva Green), complètement prévisible et déjà vue mille fois finit de foutre tous nos espoirs par terre. Les mouvements hippie et gothique, ou tout du moins ce qui en transparaît dans la société conventionnelle, se sont fait vampiriser et instrumentaliser par le capitalisme. Et Tim Burton en est l'un des exemples les plus frappant.

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le 12 avr. 2015

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filmdeouf

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