Mais que c'est pas bien! Mais que c'est mauvais! Dark Skies se rêve série B horrifique classieuse, à la James Wan, mais se plante au final péniblement du côté d'un mauvais épisode de La Quatrième Dimension.
Dark Skies lorgne avec insistance vers Insidious, certaines scènes de ce dernier semblent même dupliquées. Il tente également un détour vers Paranormal Activity, saupoudre tout ça d'un zeste de Super 8 et de The X-Files. Le problème, ce n'est pas tant l'impression de déjà-vu ressentie tout au long du film ou les nombreux emprunts plus ou moins explicites. Après tout, Insidious, pour ne citer que lui, était déjà construit ainsi et ça fonctionnait plutôt pas mal. Non, le problème ici c'est l'incapacité totale de Scott Stewart à créer de l'angoisse ou faire émerger un quelconque sentiment de peur. Il rate les figures imposées du cinéma d'épouvante et ne sait exploiter ni le hors-cadre ni le suggestif, pourtant si importants dès lors qu'on se situe dans le fantastique.
Les personnages sont lourdement dépeints, à coup de dialogues redondants et inutiles afin de crédibiliser leurs conflits et leurs doutes quant aux événements dont ils sont victimes (une menace extra-terrestre). Le (tout petit) twist final que réserve le film se révèle si prévisible (que celui qui n'avait pas compris "l'erreur" de la famille lève le doigt) qu'il ne provoque aucun regain d'intérêt et laisse le spectateur dans l'inertie qui l'avait gagné depuis bien longtemps lorsque le twist se produit.
Le pire reste ici peut être le sous-texte qui se dessine sous cette histoire banale d'enlèvement extra-terrestre. Le cinéma fantastique américain se teinte souvent de relents puritains. Dans le cas de Dark Skies, le message est tellement appuyé qu'il devient difficile de faire "comme si" on ne l'avait pas vu. La famille constitue ici comme souvent l’unique noyau protecteur et l'ultime rempart contre les agressions extérieures. Malgré la crise que traverse le couple, la menace vient uniquement du dehors: de l'extérieur de la maison; du voisinage qui épie, interprète et dénonce à tort; d'une espèce extra-terrestre (les fameux envahisseurs aliens). Comme l'illuminé expert que finit par consulter le couple l'affirme : pour lutter contre les extra-terrestres, il faut une famille unie. Certes. Mais le film ne s'arrête pas là: lors de la séquence de l’attaque finale, la famille en effet réunie, s'est confinée chez elle, avec des armes (on est USA quand même!) et avec comme seule fenêtre sur le monde la télévision (images des feux d'artifice au dessus de la statue de liberté le jour de la fête nationale-non, le symbole n'est pas du tout appuyé...). Et puis cerise sur le gâteau, [attention SPOILER] c'est finalement le fils aîné qui va être enlevé, c'est à dire celui qui a manifesté un peu de rébellion vis à vis de l'autorité parentale, qui a mis en danger cette fameuse unité familiale et, surtout, qui a regardé un porno (que dis-je, un téléfilm érotique ringard - Quel pervers!) et a tenté de toucher le sein d'une jeune voisine. C'est d'ailleurs par le biais d'un rappel hallucinatoire de ce penchant pour la concupiscence que les extra-terrestres tentent de l'attirer à eux...
Bref, tout ça est un peu consternant.
Adam_Kesher
1
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le 3 juil. 2014

Modifiée

le 3 juil. 2014

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Adam_Kesher

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