Death Note
3.5
Death Note

Film de Adam Wingard (2017)

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Netflix est beaucoup nommé ces dernières séries grâce à ce qu’il a apporté (en bien j'entends), surtout avec les séries, terrain sur lequel il y a eu des découvertes pratiquement chaque année : j'ai déjà cité les séries super-héroïque comme Daredevil, j'ai aussi cité CastleVania pour cet été, il y a eu Stranger Things pour la science-fiction qui a eu un énorme succès dés sa première saison, la série Mindhunter de David Fincher récemment ou encore 13 Reasons Why, la liste est longue et beaucoup de ces séries ont su conquérir le public. Malheureusement, il y a toujours un contrecoup et il y a un domaine ou Netflix galère sauvagement à atteindre une qualité minimum : ce sont pour les films qui sortent directement sur leur plateforme de diffusion.


Je n’ai pas pris la peine d’en voir des masses, mais de ce que je sais, seul Okja sort du lot bien que ça ne soit pas un chef d'oeuvre. En dehors de ça, mes deux seules expériences sont très loin de m’avoir enchanté et encore c’est un euphémisme. On a eu Iboy en début d’année atteignant un triste niveau d’insipidité (et dans lequel je déprime encore de voir Maisie Williams perdre son temps), Bright de David Ayer ne risque pas vraiment de relever le niveau mais surtout on a eu droit en fin d’été à une nouvelle tentative d’adaptation de manga dont on sentait déjà le bousin de loin rien qu’avec les bandes annonces, et si on est fan du manga ou de la série animée japonaise, difficile de faire preuve de clémence et bon dieu de bordel c’est pas moi qui en ferait preuve ici.


Sans être gros gros fan de l’animé, force est d’admettre que malgré ses soucis d’éloquence parfois poussés et un troisième tiers de série plus faible, Death Note avait au moins le mérite de poser plusieurs questions sur la peine de mort, le rapport à la religion quant au piédestal sur lequel Kira a été placé, un humain qui se prend pour un dieu pouvant juger de qui peut vivre ou mourir et corrompu par un pouvoir qui n’est pas le sien mais dont il fera l’usage avec une minutie déconcertante. Sans parler de sa dualité avec le fameux détective L. Et à défaut de voir un bon film Death Note par nos voisins américain, j’aurais au moins espéré voir quelque chose qui a des points à sauver avec les libertés prises par rapport au manga ou la série (un peu comme le GITS de Rupert Sanders dont je ne raffole franchement pas), mine de rien transférer l’action en Amérique peut aussi amener à ces mêmes questionnements mais avec la législation d’un autre pays et la mentalité des américains.


Mais à vrai dire, dés les premières minutes, on n’en a absolument plus rien à secouer de savoir quelles foutues chier de libertés ont été prise ou pas. Car le principal problème du film est le même qu’une mauvaise production Illumination ou d’une production comme Power Rangers : c'est une oeuvre sans d’âme. Et ce sous tout les points d’angles avec lequel on peut prendre le film, personnages comme réalisation ou traitement de son concept, musique comme ambiance et encore, ça n’est même pas un problème de prise de liberté parce qu’en soit… les idées ou peut les trouver, mais elles n’aboutissent à rien à part à la crétinerie la plus insultante pour un fan et un bousin des plus inintéressante pour un néophyte.


Vouloir faire de Light Yagami (ici Light Turner) un étudiant refermé sur lui-même et à l’écart des autres ? Oui, pourquoi pas,. Mais en faire une caricature de looser au lycée mal aimé et maltraité par tout le monde même quand il s’en prend plein la poire en plus d’être misérablement joué par Nat Wolff (qu’on aurait pu mettre dans le labyrinthe de la reine de cœur dans Alice au pays des Merveilles tant il semble paumé), c’est nous prendre pour des ânes. Et recevoir le cahier ne va le rendre que plus consternant de débilité petit à petit au point de dévoiler son cahier à la fille qui le fait craquer alors qu’il a le cahier depuis même pas 2 jours et qu’il n’a jamais établi de réel contact avec Mia Sutton, tout autant à claquer que le héros.


Faire de L un détective capable de perdre patience face à un adversaire dont il peine à mettre en lumière les méthodes pour commettre ses crimes ? Oui, pourquoi pas. L’idée en soi est même plutôt bienvenue, à condition de prendre le temps de caractériser L en tant que grand détective et lui faire perdre petit à petit ses moyens face à adversaire doté d’un pouvoir surnaturel pour commettre ses crimes… pas la peine de faire une remarque ironique pour comprendre que ça n’est absolument pas le cas ici et qu’il est tout aussi lisse et falot que son rival, tant dans l’interprétation que dans l’écriture.


Et si on se penche sur le duel entre les deux tocards qui sont censés être les cervelles du film : ça schlingue l’abysse à l’extrême. Tout n’étant réduit qu’à une série d’accusation et de défense quand L ne pète pas un câble en faisant preuve par moment d’un manque de savoir-vivre très mal introduit là ou dans l’animé ce trait de caractère était largement mieux contrôlé. Et que la romance entre Mia et Light est des plus imbuvable.


Sans parler du fait qu’Adam Wingard, un réalisateur anecdotique qui n'a rien d'attirant dans son CV à part un remake oublié de Blair Witch en 2016, n’a rien trouvé de mieux pour animer son film que de rendre les morts inutilement sanglantes à la manière d’un Destination Finale ou d’un Evil Dead et en recourant aux jumpscares irritants et prévisible et sans jamais se poser la question la plus simple du monde : qu’est-ce que peut amener le pouvoir de tuer les gens à quelqu’un qui en a soudainement le pouvoir ? A quoi cela peut-il aboutir ?


Même la loi sur la peine de mort aux USA n’est pas évoqué ni même mis à contribution dans les dialogues ou le rythme du film. Sans parler du père de Light qui est recalé au rôle de vulgaire figurant sans impact sur le contenu des événements et sans même s’attarder sur le point de vue des autorités alors que l’équipe constitué par L avait au moins droit à un traitement correct à ce niveau, c’est vachement triste et l’influence de Kira sur le monde en est réduit à une putain de succession d’images durant les premières activités de Light et Mia avec un montage bâclé et d’une fadeur. Et j'ose à peine parler de Ryuk qui est réduit ici au rôle de tentateur démoniaque sans intérêt là ou il n'était que spectateur dans la série animée et s'intéressait à Light pour sa psychologie et sa manière de penser sans pour autant l'influencer.


Et quand on voit que le film s’achève sur un cliffhanger promettant une suite que personne ne demandera, alors que le reste est en mode "je m’en bats les couilles les gens, votre animé japonais voilà ce que j’en fais !", c’est définitivement qu’il y a quelque chose de cassé dans ce machin.


Et la fainéantise se ressent jusqu’au travail sonore inexistant d’Atticus Ross à la musique sans parler du duel entre L et Light qui tournera à une course poursuite aussi plate qu’inintéressante sans parler de cette tête à baffe de Mia qui vient ajouter son grain de sel à tout ça (parce qu’il fallait impérativement ajouter un autre élément perturbateur à tout ça qu’on voyait venir de loin).


Seul bon point notable dans tout ce merdier incolore : le retour d’Emmanuel Karsen dans la VF pour doubler Ryuk le dieu de la mort. Mais pour le reste c’est juste insupportable de bêtise et tout juste digne d’un film d’horreur moisie moderne, même si on fait une abstraction totale du manga ou du dessin animé. Entre des thématiques dépouillées de la licence, ses protagonistes tournés en caricature de film d’épouvante à deux balles, son absence d’atmosphère consistante et un manque total d’investissement ou d’âme de la part de son réalisateur ou de l’équipe, je ne peux pas reprocher le bashing qu’il s’est ramassé dés sa sortie sur la plateforme. Netflix a fait ses preuves avec les séries, il serait grand temps de faire de même avec les films plutôt que de continuer sur la mauvaise pente. Et si lire le manga ou voir l’animé prend plus de temps, sachez que ça sera du temps mieux dépensé que devant ça.

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