Le cinéma français que je préfère : celui de Ridicule, d'Un peuple et son roi ou de Mademoiselle de Jonquières. Je n'y peux rien, je ne résiste ni aux films en costume ni à l'esprit à la française. Encore moins à nos excellents acteurs. Et si, en plus, on baigne dans la lumière de La jeune fille à la perle, je n'ai plus qu'à succomber ! L'argument était original : un cuisinier hors pair refuse de s'humilier devant des fats dont les caprices régissent leur petit monde. Il faut alors repartir de zéro, ou songer à se venger, ou tomber en dépression... ou un peu des trois, allez savoir, car le bonhomme n'est guère loquace. Ni expressif. C'est une montagne olympienne qui ne s'anime que pour la bonne chère. Or il est si doué que son ancien maître ne peut que revenir sur sa décision de se défaire de lui à plus ou moins long terme. Saura-t-il le convaincre, en dépit de son orgueil blessé ? D'autant qu'une apprentie inattendue a surgi : ni plus très jeune ni conforme à l'idée que le gars se faisait d'un apprenti, mais elle est tenace. Impeccable Isabelle Carré, obstinée, blessée et secrète. Bref, tous les éléments sont en place pour un ou plusieurs coups de théâtre, mais on n'est pas du tout pressé de savoir lesquels tant on prend plaisir à musarder dans cette cuisine rustique où les produits du terroirs sentent si bon qu'on en perçoit l'odeur à travers l'écran. Autant dire que ces images magnifiques, inspirées des maîtres peintres de l'époque (ah, ces natures mortes pleines de détails!), ouvrent l'appétit autant qu'elles stimulent la rétine. Bref, en dépit d'une fin un peu téléphonée, mais on s'en fiche totalement car le voyage a valu la peine, une histoire pleine de charme qui séduit par une esthétique qui aurait mérité d'être vue sur grand écran, sauf que j'ai loupé le coche à sa sortie.