La grenouille qui voulait se faire aussi grosse que le boeuf

"-Monsieur, vous aurez beau faire, vous n'aurez pas mon cœur ?

- Madame, je ne visais pas si haut !"

Bon, je sais bien, le cinéma est là pour bien souvent nous faire prendre des vessies pour des lanternes, mais nous faire avaler cette histoire de Casanova défraîchi, en faisant cadeau du rôle à un Lindon plus proche de Quasimodo que de Delon, vraiment, pour nous le faire ingurgiter comme le tombeur de ces dames, fallait quand même oser !

A moins que ce ne soit autobiographique et qu'à soixante-douze ans quand il a tourné ce film, Benoît Jacquot (réalisateur) ait lui-même vécu cette histoire cousue de fil blanc qu'il tente de nous raconter ? Cédant en cela à ses souvenirs de formation originelle à la caméra, à la fois trempés dan la série bonasse des "Angélique"marquise des anges" ou encore des anciens débordements vadimesques abusant jadis de la générosité physique de Bardot ?...

En tout cas, on se demande à la fin ce qu'ont voulu nous raconter les trois mains qui ont commis ce scénario ?

C'est pompeux : ce n'est pas en nous immergeant dans l'eau du bain de la Castafiore à l'opéra qu'on ennoblira une pièce de gourgandines des boulevards... C'est casse-pieds casse-oreille et c'est pénible de constater que nombre de réalisations cèdent à cette manie désuète d'avoir recours à un style de musique obsolète...

Pourquoi pas aussi "le lac des cygnes" tant qu'on y est ?

C'est long, c'est lent, c'est mou et on se croirait en fauteuil roulant...

C'est pas parce que tu manges du pâté que t'es pathétique et ce navet n'arrive même pas à être burlesque.

Quant à Lindon que je n'apprécie décidément pas, est-ce le narcissisme qui l'a conduit à accepter ce rôle qu'il aurait dû refuser d'emblée tant il sombre dans le ridicule à vouloir être drôle,

à prétendre avoir collectionné les plus beaux exemplaires de la gent féminine... Consternant.

Ne parlons pas de ses tics (séduisants ?) mais il semble en être guéri ici. Ni de sa voix d'outre-tombe qu'on a envie à chaque phrase de dire : "hein ?" !

Quand on pense que c'est lui qui a été choisi pour commenter la rafle du Vel-d'Hiv" pendant la seconde guerre mondiale !

Certes, je suis très mal placé pour apprécier la beauté masculine, mais heureusement pour lui que le physique n'est pas la qualité principale que la femme cherche auprès d'un homme ! Ou alors, c'est plus franchement la véritable laideur outrancière pour que la beauté féminine de sa compagne soit encore comparativement d'autant plus éclatante... Comme claironnait Gainsbourg auprès de Mitchell :

"On s'en est tapé hein de belles nanas ! Mais faut bien reconnaître qu'on ramenait plus souvent des boudins à l'hôtel la nuit venue..."

Histoire nulle, réalisation boiteuse, que reste-t-il donc ? Eh bien le casting qui m'a fait découvrir la superbe Stacy Martin qui joue comme une malade (dans le sens travail à la chaîne) et collectionne une filmographie impressionnante ! Serait-ce dû à ce corps superbe dont elle n'est pas farouche, et que tentatrice, 'elle nous exhibe en toute impudeur dans sa magnificence... Ces rares moments de bonheur nous récompensent de la patience qu'il aura fallu accumuler pour ne pas mettre un terme à ces 100 mn de pellicule gâchée pour pas grand-chose... Dieu qu'elle est belle et mérite à elle seule cette seconde étoile que j'attribue à ce film déprimant et pantouflard...

77 119 spectateurs et 9% de rentabilité mondiale... Casanova, c'est comme Frankenstein : ça ne fait plus recette.

pour les inconditionnels de Lindon, s'il y en a...

Et pour les programmateurs de télé peu ambitieux et pressés de ressortit les navets pendant les vacances...

France 3 le 18.07.2022





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le 24 juil. 2022

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