juillet 2009:

Plus habitué (oh les grands mots : je n'ai vu que deux ou trois films de Shimizu) à suivre des comédies très légèrement dramatiques, j'ai été surpris de découvrir un drame, un vrai, au bord du mélodrame même. Mais Shimizu malgré la gravité de la situation maintient un ton résolumment optimiste. Le mot n'est peut-être pas le mieux choisi. Je ne trouve pas le terme adéquat. Il aborde le drame de cette famille dont le père est soupçonné de détournement et par conqéquent emprisonné, avec une très grande distance apparente, comme à l'accoûtumée. Il se garde bien de scruter les moindres replis du visage : pas de gros plans, au contraire il éloigne sa caméra préférant filmer les êtres dans leur solitude ou regroupés pour affronter les évènements avec solidarité. Mais Shimizu voulant sans doute éviter d'alourdir son propos d'un pathos rédhibitoire, oriente son attention essentiellement sur le regard que porte Sampei le plus jeune des garçons sur le drame familial.

Personnage principal, c'est ce petit bout d'homme qui parcourt les ruelles rameutant ses copains en imitant le cri de Tarzan pour aller jouer dans les prés et rivières alentours. Avec forte personnalité, il n'hésite pas à se mesurer à son grand frère. Le défi de sumo que propose régulièrement le papa à ses deux garçons est comme un rendez-vous de tendresse. Et quand le père perdu dans ses noires pensées est près de se brûler les doigts avec sa cigarette, le petit lui ôte de la main. Pendant que le père est incarcéré, Sampei est envoyé chez un oncle, loin de sa mère et de son frère. Il y fait les 400 coups afin d'être renvoyé auprès des siens. Il grandit bien plus vite que nature. Dans une scène très belle, il fait la promesse de se tenir à carreau à sa mère.

Ce petit film mérite largement le coup d'oeil. Plus d'une scène sont de grandes valeur, émotionellement comme esthétiquement. Shimizu aime dans un silence très naturaliste filmer ses personnages dans les paysages environnants, les cadrant toutjours à distance, ce qui donne le sentiment au spectateur d'être le témoin, comme assis à la terrasse d'un café, de la déambulation de ces personnages.
C'est pour cette raison que le terme d'optimisme ne me semble pas particulièrement adapté à ce type de cinéma. L'histoire n'est ni optimiste, ni pessimiste, elle est. Elle se contente d'exister, de se dérouler devant nos yeux. L'attention du spectateur et celle du cinéaste se confondent.

La musique très douce, délicatement en retrait, parait venir de très loin,. Comme le bruit du vent dans les hautes fûtaies, on l'entend tout là haut, sans qu"elle ne s'impose et assourdisse. Beaucoup de tendresse jaillit de ce film. Encore un Shimizu qui fait preuve d'une vivifiante humanité et d'une belle intelligence. Par moments, j'ai pensé à la douceur de Mon voisin Totoro. Les évènements coulent. Si japonais.
Alligator
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le 9 mars 2013

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Alligator

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