Paul Anderen est écrivain. Il semble souffrir pas mal pour pondre des livres sombres qui ne se vendent pas comme des petits pains. Sa femme Sarah est médecin.


Un matin une engueulade éclate sur le fond de "qui déposera les gosses à l'école". Et de dégénérer sur le thème de "je me crève le cul pour vous rendre heureux et voila comment on me remercie". Du banal. Qui arrive dans tous les couples un jour ou l'autre lorsque la fatigue se met de la partie.


Seulement voila, le soir Sarah ne rentre pas. Paul s'inquiète puis soupçonne une aventure. Une fugue, une fuite ? Elle va revenir, il en est sûr. Il faut lui laisser le temps. En attendant, il en bave. Son bouquin qui n'avance pas. Les mômes. L'incertitude. L'inquiétude qui le ronge chaque jour davantage.


Au bout d'un an, Sarah n'a pas donné de nouvelle. Paul et ses enfants déménagent et rejoignent Alex, le grand frère de Paul. Ils s'installent dans la maison du père, mort des années plus tôt. Et tentent de se reconstruire. Mais Paul est brisé. Déjà que son métier d'écrivain le tenait hors du temps, plus souvent dans son monde chimérique que dans le réel du quotidien ! La disparition de Sarah n'a fait qu'aggraver le problème. Paul perd pied, fait connerie sur connerie. Pas volontairement, pas consciemment, mais parce que ses repères sont faussés. Qu'il n'est pas attentif. Qu'il ne parvient plus à prévoir les conséquences de ses actes.


Benoit Magimel est un Paul magnifique. L'acteur est parfait dans les baskets d'un homme perdu, condamné à naviguer entre deux eaux et qui ne parvient plus à remonter à la surface. Tout ce qu'il entreprend foire. Il se prend dans le tapis à chaque pas. Il ne cesse de se retourner sur son passé, à guetter Sarah qui doit être restée en arrière, quelque part à lui faire un signe qu'il ne voit pas. Pas de futur : Paul vit au jour le jour en tentant de faire bonne figure devant ses enfants qui ne sont pas dupes malgré leur jeune âge.


Antoine Duléry est également excellent comme toujours. Le grand frère donneur de leçon presque qu'aussi perdu que son cadet. Et les jolis bords de mer de Saint-Malo. Un film noir, aux personnages hachés par une vie qui n'a rien de tendre. Une ambiance austère, un ciel couvert, une mer grise et pleine d'écume. Un film dans lequel je retrouve parfaitement l'âme d'Olivier Adam.

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le 23 juin 2015

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