Pour un nouveau Septième Hard...

7 réalisateurs se sont regroupés autour du projet Destricted, collectif tout à fait inégal de courts métrages à visée pornographique. D'une durée allant du clip publicitaire au moyen métrage les films proposés ont surtout pour objectif de briser la frontière entre pornographie et cinéma traditionnel, argument finalement assez maigre et sans réelle conséquence sur l'exploitation cinématographique, puisque Destricted fut plutôt mal distribué dans l'ensemble, lors de sa sortie en salles en 2007. De fait le projet rassemblant entre autres Matthew Barney, Larry Clark ou encore Gaspar Noé produit en fin de compte l'effet d'un gros pétard mouillé, pas totalement inintéressant mais assez vain dans sa globalité.


1- HOIST de Matthew Barney : l'un des meilleurs courts du projet Destricted. Le film démarre comme une singulière peinture en mouvance, la caméra vidéo de Barney s'attardant sur l'aine d'un homme décrépi en pleine phase érectile. Intégralement muet le film séduit par son rythme hypnotique et sa portée suggestive pour le moins étrange. HOIST est un film avec une véritable texture visuelle, qui pêche toutefois dans sa progression un tantinet trop abrupte mais qui gagne des points sur le plan du travail sur le son et l'image. Une physique des tubes tout à fait fascinante. Verdict : 7.5/10


2- BALKAN EROTIC EPIC de Marina Abramovic : un regard féminin indiscutablement précieux et essentiel au projet, dépeignant la sexualité balkanique à travers un dispositif didactique qui tombe pourtant carrément à plat au bout de trente secondes. Abramovic passe à côté du vrai sujet du collectif ( la pornographie ) pour enchaîner les boutades insipides sur les rites sexuels d'une contrée méconnue. C'est très plat et mal filmé, et lourdingue qui plus est. Verdict : 3.5/10


3- HOUSE CALL de Richard Prince : petit porno filmé à la sauvette, brouillon et apathique. L'effet peigne de l'image vidéo est aussi séduisant qu'une guenon aux abois, et le film ne raconte rien, ne ressemble à rien et ne mène nulle part. On sent bien la volonté du réalisateur de rendre hommage à la pornographie vintage, mais l'intérêt de HOUSE CALL s'arrête ici et maintenant. Le pire film du collectif. Verdict : 2/10


4- IMPALED de Larry Clark : un moyen métrage intéressant à suivre, bandant en plus d'être efficace et même plutôt intelligent dans son propos. Larry Clark prend le parti-pris d'affronter de plein fouet l'univers de la pornographie en tournant un vrai-faux documentaire sur la jeunesse américaine et son expérience du cinéma X. De la théorie en forme de table tournante dévoilant pléthore de témoignages à la pratique du hard IMPALED trône fièrement au coeur du projet Destricted. Verdict : 7/10


5- SYNC de Marco Brambilla : spot épileptique très bien fichu, reposant essentiellement sur du montage d'images préexistantes... il en résulte un très court métrage aux allures spasmodiques et endiablées, tout sauf traité par dessus la jambe. Verdict : 7/10


6- DEATH VALLEY de Sam Taylor-Wood : une branlette masculine filmée en plan-séquence en pleine Vallée de la Mort. Il n'y a rien à ajouter. Verdict : 4/10


7- WE FUCK ALONE de Gaspar Noé : stroboscope de vingt minutes pour une séance de masturbation totalement glauque, éclairée dans des teintes chaudes et organiques et accompagnée d'une bande-son obsédante. L'aspect conceptuel du montage parallèle est plutôt bien vu, justifiant pleinement la thèse sinistre présente dans le titre de ce court made in Noé. L'auteur de Seul Contre Tous ne ressemble définitivement qu'à lui-même. Verdict : 7.5/10

stebbins
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le 23 juin 2015

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