Portrait d'une jeune mère de famille habitant dans un grand ensemble de la région parisienne et qui s'adonne à la prostitution occasionnelle. Peut-on aimer La chinoise, par exemple, et détester presque intégralement Deux ou trois choses que je sais d'elle ? Absolument, et même que l'inverse est possible. Aucune exégèse d'un film de Godard n'a d'importance et ne répond qu'au désir de son critique de briller. Tout peut être dit et son contraire, comme Godard ne se prive pas de fle aire. Trois ou quatre choses dont il est question dans le film : le Vietnam, la société de consommation, l'amour, le langage, etc. Avec des phrases définitives et/ou pontifiantes. Des banalités sans nom, aussi. Des punchlines, à l'occasion, comme on ne disait pas encore à l'époque : "Si par hasard, vous n'avez pas de quoi acheter du LSD, achetez donc la télévision en couleurs." Le plus gênant, finalement, n'est pas l'absence d'argument narratif ni le chuchotement de la voix off godardienne, non, c'est plutôt le mépris que semble vouer le maître aux acteurs (voir ce qu'en dit Marina Vlady, seul rayon de soleil du film avec Juliet Berto, pour une courte scène).