Mathias revient à Lyon après plusieurs années passées au Japon.

Elena la professeure de piano qu'il a eue jadis souhaite qu'il l'accompagne sur scène pour quelques concerts d'adieu. Mais Mathias croise un enfant qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau au même âge, plus tard il tombe en syncope en croisant Claude son amour de jeunesse à la sortie d'un ascenseur (on a presque envie de dire : "de tous les ascenseurs de toutes les villes du monde, il a fallu qu'elle entre dans le mien" (si vous avez la réf.) tellement c'est plausible), puis un de ses anciens meilleurs amis meurt... n'en jetez plus la coupe est pleine, Mathias patauge en pleine confusion.

J'ai failli faire l'impasse et ne pas vous parler de ce film exaspérant mais après tout, autant partager mon agacement. J'ai adoré beaucoup de films de ce réalisateur : Un conte de Noël : Roubaix, Trois souvenirs de ma jeunesse (une merveille !), Spectateurs !, Roubaix, une lumière, et avant que ce blog existe : Comment je me suis disputé... ma vie sexuelle, Rois et reines. Par contre je n'ai pas aimé du tout, voire détesté Jimmy P., Frère et soeur et Tromperie. Ce qui fait quand même une bonne moyenne positive et prouve aussi à quel point je suis une fidèle du réalisateur. Comment ce film m'est-il tombé des yeux, comme un livre vous tombe des mains ?

Difficile à dire.

Et pourtant j'aurais aimé être prise du même vertige qui saisit les personnages. Celui des deux anciens amoureux qui rallument la flamme et l'éteignent puis la rallument (c'est casse pieds comme tout), celui des musiciens véritablement possédés par leur art. Et puis il y a ces moments où d'ordinaire je me sens totalement en empathie avec les personnages toujours prête à m'évanouir avec eux comme lorsque Mathias tombe dans les pommes ou qu'Elena (Charlotte Rampling, géniale) est au bord du malaise avant de monter sur scène et rejoindre son instrument... Mais là, rien.

Jamais ce film, cette histoire ne m'ont provoqué la moindre émotion. La faute à une histoire tarabiscotée à laquelle je n'ai pas cru et à des personnages dont les réactions inattendues sont pour le moins dénuées de sens et surtout de fièvre. Tous les personnages sont tourmentés mais rien ne passe. Tout est élégamment filmé je crois mais les personnages échangent des propos à la fois d'une banalité exceptionnelle et curieusement très pompeux. Le petit garçon triste plus adulte que sa mère, on n'y croit pas même si c'est très commode un petit garçon qui accepte sans broncher toutes les fantaisies de sa mère et les tourments de la vie. J'ai entendu Nadia Tereszkiewicz dire qu'elle n'avait rien compris à son personnage. Je comprends ce qu'elle veut dire, ce personnage horripilant est complètement abscons. Elle minaude, fait des caprices, hurle, pique des crises d'hystérie, dit tout puis son contraire dans la même phrase et manipule sans vergogne ce pauvre Mathias qui doit retirer son pantalon, puis le remettre, s'entendre dire adieu puis lui grimper dessus. Le pire étant cette réplique que je trouve plus assassine que toutes les horreurs qu'elle profère. A cet homme qui (en dehors de ses caprices) ne vit que pour la musique depuis son enfance, elle dit en éclatant de rire : "mais qu'est-ce que c'est chiant la musique, je n'y comprends rien". Tandis qu'il lui assure qu'elle est "spectaculaire"... on se demande vraiment en quoi.

Quant à Charlotte Rampling, son personnage disparaît brutalement, dommage. François Civil est très bien et joue très bien du piano mais hélas ce film ne fera pas date dans sa carrière. Heureusement il y a Hippolyte Girardot absolument délicieux qui apporte une touche de fantaisie à ce film plombant qui m'a fait pousser des soupirs d'ennui d'une profondeur indescriptible. Et ce n'est pas la musique un peu difficile d'accès (Bartok, Massenet, Schumann) qui aide à s'échapper de l'ambiance. J'ai trouvé la fin très bête.

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le 23 oct. 2025

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