The Disintegration Loops est un documentaire de cinéma vérité du compositeur William Basinski. Lors de la dernière heure du jour du 11 septembre 2001, il décide de monter sur son toit situé à Brooklyn et d’enregistrer. Par son plan fixe d’une durée d’un peu plus d’une heure situé à un endroit « quelconque » de New York, Basinski retranscrit la vision d’un passant ou de quelqu’un à sa fenêtre contemplant le désastre. Il choisit de rendre hommage aux victimes en ne dramatisant rien, au sens théâtrale du terme, simplement constater, impuissant face à l’ampleur de la catastrophe. Un processus de mise en scène qui permet de se rendre compte, à notre échelle microscopique de spectateur, de l’état de la ville. En effet, la grande fumée des débris du World Trade Center occupe le tier de l’écran la majorité du temps. Le seul élément pratiquement immuable du film : la couleur du ciel s’estompe, des oiseaux et des hélicoptères volent, les éclairages nocturnes des buildings apparaissent mais la fumée demeure. Même quand la nuit noire ne se distingue presque plus du nuage, les lumières clignotantes rappellent sa présence lorsque celui-ci leur passe devant. Accompagné d’une boucle musicale dont la bande se détériore au fur et à mesure, Basinski enferme l’évènement dans un climat de désolation. Une seule tonalité est possible empêchant également des envolées sonores malvenues. L’émotion provient du concret et du témoignage audiovisuel sans artifice, dans le réel. Cette bande, s’en va certes, mais ne coupe jamais. Sur le fondu au noir final de quelques secondes et encore au temps du générique, elle restera toujours sans se conclure. Au même titre que cette journée constituant l’un des plus grands cataclysme du 21e siècle. Une expérience intérieure du temps afin de commémorer la mémoire des défunts.