C'est mis en scène avec les pieds et parfois lourd mais assez drôle et énergique pour être plaisant.

Lorsqu’on sait qui est à la barre de cette comédie plébiscitée au festival de l’Alpe d’Huez, en l’occurrence Michaël Youn, on sait pertinemment, sauf surprise, que cela ne va pas faire dans la dentelle. L’artiste a une filmographie qui compte à son compteur pas mal de nanars en tant que comédien mais il avait su nous offrir deux réalisations qui n’étaient pas passées inaperçues : « Fatal » et « Vive la France ! ». La première était à se plier en quatre pour qui goûte à ce genre d’humour même s’il n’est pas certain que le film ait bien vieilli et la seconde était décevante à cause d’un sujet prometteur mais pas traité de manière optimale. Dans les deux cas, c’était de l’humour bien gros et gras mais réussi et surtout qui faisait vraiment rire, et c’est presque tout ce que l’on demande à une comédie. Ici, avec son « Divorce Club » il est entre les deux mais on passe quand même un bon moment.


L’idée de base où de récents divorcés se réunissent chez le plus riche d’entre eux pour créer un club hédoniste est à la fois simple et terriblement efficace. Dommage qu’elle ne prenne place qu’à un tiers du long-métrage mais surtout qu’elle ne constitue qu’une toile de fond et pas vraiment le cœur du sujet. En effet, il y avait un potentiel énorme que l’on n’exploite pas à fond ici. Youn préfère s’attarder au personnage joué par Arnaud Ducret et faire un constat survolé du divorce à notre époque. Attention, pas de sociologie du couple ou de psychologie sociétale ici, on est dans la comédie pure et dure et c’est la gaudriole qui prime. La question première est donc : est-ce que l’on rit dans « Divorce Club » ? La réponse est clairement oui et le film a le mérite d’être énergique et rythmé. Après il faut avouer que visuellement il fait un peu daté, comme sorti d’une autre époque (le début des années 2000) où les comédies régressives, notamment américaines, pullulaient sur grand écran. Il y a pas mal de gags très drôles (le radar ou l’attaque du lémurien par exemple), des personnages croustillants (comme Helmut) mais aussi des ratés. En témoigne la scène finale lors de l’inauguration du club de sports de combat féminin, lourde et idiote.


Il y a aussi un gros problème de surenchère dans les dialogues, les situations et le jeu des comédiens. La dernière partie avec la gigantesque fête (on se croirait revenu à l’époque de « Jet Set » et « People ») et la restaurant vegan est certes amusante mais bien trop excessive. C’est gros et dans ces cas-là comme on dit, ça passe ou ça casse et ici c’est à la limite. Ducret en fait des tonnes en mec bourré et ce n’est guère à son avantage. Ensuite, Youn n’a guère amélioré sa mise en scène depuis ses deux premières réalisations et semble être resté bloqué à cette époque à ce niveau-là. Elle ne marquera donc pas les esprits par son côté fonctionnel. Et si les seconds rôles font beaucoup dans la réussite d’une comédie, ils sont plutôt bons ici mais on regrette que le rôle d’Audrey Fleurot soit quelque peu sacrifié. « Divorce Club » est donc loin d’être une catastrophe ou un film idiot car il fait rire et distrait mais entre son histoire d’amour bateau, ses excès humoristiques, son concept génial mais pas toujours abouti et ses images périmées, il y a quelques scories qui signifient : peut mieux faire !


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JorikVesperhaven
6

Créée

le 19 août 2020

Critique lue 171 fois

3 j'aime

Rémy Fiers

Écrit par

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3

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