Quentin, dear Quentin, why so serious ?
Tarantino a toujours été fan de Westerns et il ne s’en est jamais caché et c’est donc tout logiquement qu’il décide de rendre hommage au genre avec ce Django Unchained. Il bâtit son film sur le même principe qu’Inglourious Basterds : Il reprend un évènement historique et change impunément l’histoire. Sur IB il prenait un malin plaisir à tuer Hitler, ici c’est l’esclavage qu’il manipule à sa sauce.
Il fait donc les choses à sa manière, en manquant parfois de tact et de profondeur. Le film démarre pourtant sur d’excellentes bases et c’est ce qui est d’autant plus frustrant. Il construit son univers particulièrement savoureux sur fond de Western moderne porté par un Christoph Waltz totalement habité par le rôle. Les dialogues sont particulièrement travaillés et le comique de situation est souvent exploité. La scène du bar et le jeu de mot entre Shérif et Marshal est un des exemples les plus marquants de cette réussite, de cette alchimie entre humour au second degré et action jouissive.
Alors quel est le problème ? Pourquoi un modeste 6 ? Tout simplement parce que notre cher ami Quentin décide abruptement de jouer à l’homme sérieux et prend des risques insensés lorsqu’il franchit la barrière entre second et premier degré. Demander à Quentin de faire dans le premier degré c’est comme si on demandait à la princesse Peach d’arrêter de se faire kidnapper, une douce folie. Et c’est donc sans aucun scrupule qu’il détruit tout ce qu’il a entreprit auparavant.
Il construit ses personnages puis les déconstruits, l’innocent Django perd de sa candeur tandis que l’inconscient chasseur de prime se trouve une conscience et plutôt que d’exploiter ses nouvelles figures il se lance dans un massacre sans nom en naviguant entre scènes funs et violence crue. Il agît sans limites, ce qu’il peut se permettre vu son statut dans le cinéma contemporain, et il en fait mauvais usage.
Le film se perd dans la violence gratuite et parfois malvenue dans un contexte qu’il ne maîtrise que trop peu. Et on se met déjà à regretter la première partie qui, avec nostalgie, nous a délaissés avec les promesses d’une œuvre brillante que nous n'auront jamais l'occasion de voir. Le scénario s’égrène au fil des minutes et on constate avec regret que tout ne devient que prétexte à la violence et surtout aux facilités parfois aberrantes.
Moi j’aime Tarantino avec ses excès de folie, j’aime celui qui fait dire tout et n’importe quoi à ses personnages, j’aime lorsqu’il s’assume totalement dans le foutraque, j’aime son côté encyclopédique et passionné de cinéma. J’ai vu cet homme pendant de nombreuses minutes. Puis je l’ai vu partir, laissant derrière lui des mares de sang made in Grindhouse.
Bien sûr tout n’est pas noir et la seconde partie bénéficie aussi de bonnes scènes, de quelques coups d’éclats, de bouées salvatrices qui remontaient à la surface après ce début de naufrage. Non Django n’est pas un mauvais film mais il passe à côté de l’excellence avec un dédain particulièrement énervant.
J’attends donc son prochain film avec impatience en espérant qu’il ne se prenne plus au sérieux, c’est contre nature.