Il casse le code en choisissant un héros noir. Je répète, un héros noir dans un western !

Depuis Impitoyable de Eastwood en 1992, pas un seul western n'a réussi l'exercice. C'est compliqué et même très compliqué de rentrer dans le code du genre sans être catalogué "has-been" avant même la sortie, tant le code a été martelé par des grands, Leone et Eastwood en tête. C'est bien simple, et c'est humain, chaque nouveau western est comparé à leurs illustres et dans le domaine le charisme de Eastwood ou le génie de Leone place la barre très haut. Nombre de héros principaux dans les derniers westerns, bien que bons acteurs, n'ont su porter leur film. Soit le rôle est trop à contre-emploi pour le dit acteur, soit le jeu est bon, mais le charisme n'y est pas. Au final, on n'y croit pas.

Tarantino n'est pas fou, il est parfaitement conscient que son western sera comparé, que son héros principal le sera aussi. Que c'est la diablerie, la réelle difficulté de l’exercice. Il faut donc donner une identité propre à son western, il faut que celui-ci ne ressemble en rien aux autres pour s'imposer. Et c'est là que le génie de Tarantino s’exprime ; il casse la comparaison, il casse le code, en choisissant un héros noir. Je répète, un héros noir dans un western ! Le cinéphile n'a du coup plus aucun repère, aucun code, et se laisse embarquer dans l'histoire, gentiment, doucement, surement ; sans même penser à la comparaison. Il est dedans, il croit au film, il est pris, il est déjà conquis ! Il est là le génie de ce film.

Evidemment, vu l’idée de départ pour fixer le spectateur et compte tenu de la période, il est presque naturel que le film dérape sur l’esclavage et les esclavagistes. Là encore, c’est à vrai dire, du pain béni pour Tarantino. Le thème lui sert sur un plateau des images fortes et sanguinolentes ne pouvant que rassasier son amour immodéré pour l’hémoglobine.

Enfin et après ces deux points, Tarantino n’a plus qu’à lâcher les chevaux ( et il y en a sous le capot ). Réalisation juste magistrale, des plans de toute beauté, de l’intelligence, une photo juste EXCEPTIONNELLE, une direction d’acteur qui crève les sommets (Jamie Foxx est juste extraordinaire) ; Et comme d’habitude une musique à tomber ! A tiens, le mot est laché : «comme d’habitude » …

Certains diront que tous les Tarantino se ressemblent finalement, qu’on finit par se lasser. J’ai presque envie de dire, c’est vrai. Finalement on tourne toujours un peu en rond, on sait presque parfois certaines répliques à l’avance, comment certaines situations vont se terminer, quelle intonation certains acteurs vont prendre en fonction d’un contexte. On se prend même parfois à se surprendre « tiens il ne l’a pas fait celle-là », que c’est curieux, tant l’on est conforté par des exemples précédents.

Et puis enfin une longueur, vraiment, vraiment, vraiment, extravagante. Une sensation d’ailleurs curieuse, car en réfléchissant, il n’y a guère de coupe à effectuer et on ne s’ennuie pas une seule seconde au cours du visionnage. En fait c’est une sorte de lourdeur longue et pachydermique qui commence à nous tenailler à partir de deux heures de film. Peut-être de la fatigue…. Fatigue d’avoir sa cervelle continuellement sollicité par un dialogue, un plan grandiose, une scène d’action, une barbarie etc…

J’ai donc bien aimé Django Unchained. C’est vrai, c’est un petit bijou, mais attention. J’ai vraiment l’impression que Tarantino va finir par nous lasser, que le genre de Tarantino va finir par nous épuiser. Cela n’aura rien à voir avec les qualités de ses films. Je ne peux m’empêcher de penser que si Django Unchained était sorti en 2018, après 2 ou 3 Tarantino intermédiaire, ce Django Unchained tel quel, je dis bien le même, aurait était probablement moins bien accueilli par le public, la presse et par moi-même.
Fullhd1080
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le 24 janv. 2013

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