Django Unchained -Il Était une Fois Dans Le Sud

A chaque nouveau film de Quentin Tarantino on se retrouve à le regarder comme on le ferait un funambule : va-t-il tomber de son fil et échouer après tant de réussites ? Et bien ses détracteurs en seront pour leurs frais, l’échec sera pour une prochaine fois !


Django Unchained est une nouvelle réussite pour QT qui s’attaque enfin au western (ou plutôt ici un ‘Southern’) après avoir tant de fois flirté avec le genre. Comme à son habitude il en tord les codes mixant les influences pour en tirer une matière originale.

On retrouve ce qui forgé son succès : des dialogues d’anthologie, une bande son marquante, des scènes de tension se concluant par des apothéoses de violence (et quelle violence !).

Ce qui distingue « Django Unchained » du reste de son œuvre c’est pour la première fois en filigrane le message qu’il porte à travers sa représentation sans concession de la période esclavagiste. Contrairement à beaucoup d’autres productions US qui en donnent une version moins brutale, il montre l’esclavage non pas comme une injustice mais bien comme une horreur ou des hommes ont ravalés d’autres hommes au rang de bêtes.

Coté casting répondent à l’appel les fidèles Christoph Walz et Samuel L. Jackson (pour moi les deux meilleurs interprètes de ses dialogues) enfin réunis, le nouveau venu Jamie Foxx et la star Leo Di Caprio qu’il avait failli diriger dans » Inglorious Basterds ». Il leur sert à chacun des morceaux de bravoure en solo ou en opposition les uns aux autres.

Sans surprise Christoph Waltz fait preuve de la même virtuosité que dans son rôle de Hans Landa, cette fois ci du bon côté de l’Histoire (avec un grand h ). Jamie Foxx s’avère remarquable avec un jeu tout en retenue. La complicité entre les deux personnages fonctionne d’ailleurs à merveille.

Samuel L. Jackson fait un retour fracassant chez QT avec ce rôle de Stephen le régisseur de Candyland un esclave très peu loyal envers ses frères de souffrance, un individu redoutablement intelligent qui a parfaitement compris ce que ses maîtres attendent de lui et qui s’est bâtit une image en accord avec ces attentes. L’acteur passe avec talent de cette façade à la vraie personnalité de Stephen.

Mais j’avoue avoir été impressionné, par Leonardo DiCaprio, pour moi le MVP du film.

Par le passé si j’ai apprécié ses performances dans de nombreux grands films, j’ai toujours ressenti dans son jeu un aspect forcé comme s’il tentait de prouver à tout prix qu’il était de la trempe des grands. La disparaissant derrière la barbe et les dents gâtées de Monsieur Calvin Candie, son jeu semble gagner en naturel et il livre une composition fluide sans en rajouter. Cette apparence constitue la métaphore d’un personnage, qui, sous le vernis du gentleman du sud qu’il veut composer, laisse apparaître bien vite un individu véritablement malfaisant, aussi pourri que sa dentition, qui se révèle dans une anthologique leçon de morphologie comparée.

On retrouve une galerie de seconds rôles et des tronches patibulaires à foison comme dans tout bon western spaghetti qui se respecte (mention spéciale à Don Johnson) y compris le Django original, Franco Nero, dans une apparition clin d’œil.

Comme à chaque fois depuis presque 20 ans on sort de la salle galvanisé, on a ri, on a applaudit avec l’envie de passer la bande originale en boucle.

Ooops Quentin Tarantino did it again!

9/10
PatriceSteibel
9
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Mon Top Ciné 2013 pour l'instant...

Créée

le 29 janv. 2013

Critique lue 480 fois

PatriceSteibel

Écrit par

Critique lue 480 fois

D'autres avis sur Django Unchained

Django Unchained
guyness
8

Quentin, talent finaud

Tarantino est un cinéphile énigmatique. Considéré pour son amour du cinéma bis (ou de genre), le garçon se révèle être, au détours d'interviews dignes de ce nom, un véritable boulimique de tous les...

le 17 janv. 2013

343 j'aime

51

Django Unchained
real_folk_blues
7

Jamie nie Crockett

Salut, j’aime Tarantino et je t’emmerde (poliment, bien sûr). Certes, il est podophile (j’ai bien utilisé la lettre « o »), pas très agréable à regarder, parfois vulgaire, et un brin complaisant...

le 18 janv. 2013

133 j'aime

50

Django Unchained
Nushku
7

Dragées Unchained

Le dernier Tarantino est un film des plus sucrés. Sucré avec tous ces accents chantants ; ce Sud pré-Civil War aux relents de southern gothic, aux plantations garnies de belles demeures ornées de...

le 11 janv. 2013

105 j'aime

8

Du même critique

Le Fondateur
PatriceSteibel
8

Ça s'est passé comme ça chez McDonald's

Parfois classicisme n’est pas un gros mot , Le Fondateur en est le parfait exemple. Le film , qui raconte l’histoire du fondateur de l’empire du fast food McDonalds, Ray Kroc interprété par Michael...

le 26 nov. 2016

58 j'aime

1

Star Wars - L'Ascension de Skywalker
PatriceSteibel
6

Critique de Star Wars - L'Ascension de Skywalker par PatriceSteibel

Depuis la dernière fois où J.J Abrams a pris les commandes d’un Star Wars il y a un grand trouble dans la Force. Gareth Edwards mis sous tutelle sur la fin du tournage de Rogue One, après une...

le 18 déc. 2019

41 j'aime

7

7 Psychopathes
PatriceSteibel
8

Une réjouissante réunion de dingues (et de grands acteurs)

Avec ce genre de comédie noire déjanté et un tel casting j'apprehendais un film ou le délire masquerait l'absence d'histoire et ou les acteurs cabotineraient en roue libre. Heureusement le...

le 5 déc. 2012

36 j'aime

9