Si le cinéma français des années 70 avait son lot de polars et de comédies populaires, Docteur Françoise Gailland venait jouer une autre carte : celle du drame intime… en blouse blanche. Réalisé par Jean-Louis Bertuccelli, le film met en lumière une héroïne à la fois brillante et fragile, incarnée par l’incontournable Annie Girardot.
Le pitch ? Françoise Gailland est une femme médecin débordée, aussi indispensable aux patients qu’absente pour sa famille. Entre les urgences hospitalières, son couple qui n’en est plus un, ses enfants qui se rebellent et une liaison amoureuse naissante, elle jongle avec les cas cliniques… jusqu’au moment où la maladie frappe à sa propre porte. Et là, le diagnostic devient autant existentiel que médical.
Ce qui rend le film attachant, c’est son mélange de gravité et de modernité. En 1976, voir une femme médecin, indépendante, active et surtout libre, relevait presque du manifeste. Le long-métrage aborde de front des thématiques toujours d’actualité : concilier carrière et vie personnelle, la place des femmes dans des milieux exigeants, et la peur universelle de perdre pied face à la maladie.
Et puis, il y a ce charme délicieusement daté : on y voit des scènes aujourd’hui impensables, comme le docteur qui fume cigarette sur cigarette en plein service, devant ses patients. À l’époque, ça clopait sec à l’hôpital, et personne ne s’en étonnait ! Ce décalage ajoute presque une touche documentaire au film, comme une capsule temporelle des mœurs d’une autre époque.
Évidemment, le film porte la marque des années 70 : dialogues un peu appuyés, rythme lent, musique dramatique qui souligne chaque émotion. Mais on se laisse prendre au jeu, surtout grâce à Annie Girardot, magnétique, qui livre une performance nuancée et lui vaudra d’ailleurs le César de la meilleure actrice.
Docteur Françoise Gailland n’est pas un simple “film médical” : c’est une radioscopie de la vie moderne, de ses contradictions, et du prix à payer pour “tout vouloir”. Un drame à la française, sobre et humain, qui rappelle qu’au fond, même les docteurs n’ont pas toujours le remède à leurs propres tourments.