Sorti en 1959, ce classique du cinéma américain transforme la salle d’audience en un véritable ring où la justice, la morale et le bon sens se livrent un combat d’éloquence.
James Stewart y incarne un avocat un peu désabusé, amateur de pêche, qui se retrouve à défendre un lieutenant de l’armée US accusé de meurtre. Sur le papier, rien de révolutionnaire. Mais Preminger, malin comme un juge, prend ce canevas pour explorer les zones grises de la vérité : personne n’est totalement innocent, personne n’est totalement coupable. Le tout, avec une verve dialoguée qui fait mouche et un rythme qui ne faiblit jamais.
Et que dire de la musique de Duke Ellington ! Ce jazz feutré glisse sur les scènes comme une confidence chuchotée entre deux témoins, apportant une modernité folle à un film pourtant en noir et blanc.
Plus qu’un film de procès, Autopsie d’un meurtre est une leçon de cinéma : caméra fluide, dialogues ciselés, ambiguïté morale délicieusement assumée… Preminger signe ici l’un des films les plus subtils du nouvel âge d’or hollywoodien, à la fois populaire et audacieux.