Dingue ce que le thé peut vous faire voir si vous y ajouter un peu de miel...

Il était une fois, un petit teigneux aussi talentueux qu’arrogant, qui combattit et vainquit un fier danois. Ce petit teigneux, c’était Benedict Cumberbatch. Le fier Danois, Lars Mikkelsen. Ce que la légende ne nous dit pas tout de suite, c’est que le fier guerrier avait un frère. Charmant, séduisant, talentueux, intelligent (oups, je m’égare, reprenons). Ce frère, c’était Mads. Et ce frère eut soif de revanche. Et plutôt que de s’abaisser à une petite revanche de mafieux à base de querelle de quartier, plutôt que de s’égarer en engageant un tueur en série, Mads décida de se rendre à Katmandou et d’apprendre à devenir un sorcier. (je trafique un peu le script mais après tout, il le dit bien qu’il a perdu tout le monde avant d’arriver).

Cela nous donne le dernier bébé de chez Marvel, avec Benedict Cumberbatch (qui ne peut pas se mêler de ses affaires pour une fois) dans le rôle de Monsieur Doctor (un peu étrange j’en conviens - désolée j’adore cette scène) Strange, et Mads Mikkelsen dans le rôle du vilain méchant Kaecilius dont l’esprit a été corrompus par un vilain démon et par l’hypocrisie de celle qui lui a tout apprit.

Bien que j’ai savamment slalomé afin d’éviter teaser, bandes annonces et critiques, je n’ai pu frayer mon chemin sans entendre de ci de là quelques éloges quant à cette dernière production de la Marvel. Et comme les studios peuvent osciller entre le très bon et le nettement moins bon, la chose était plutôt encourageante. De bons échos et un casting d’enfer, la chose était tentante.

Alors avant toute chose, deux consignes pour regarder ce film : Un écran d’une taille décente - on évite les petits écrans d’ordi ou les vieilles tv minuscules - et de la VO.

On peut bien se permettre de temps à autre d’outre-passer certaines règles (c’est ce que nous enseigne en tout cas le film), mais il en est certaines avec qui il faut être très prudente.
Et sur ce coup là, vu le mal de chien que se sont donné les chargés d’effets spéciaux, se serait se punir tout seul comme un grand que de regarder le film sur petit écran.
J’admet que je ne courre pas après les effets spéciaux en général. D’accord, s’ils sont réussis, ils peuvent être un plus, mais ne sont généralement pas pour moi un argument de vente suffisant.
De fait, Doctor Strange ne fait pas exception à la règle. Mais le visuel du film est tellement bluffant qu’il ajoute un petit plus au film, incontestablement. Les combats dans cet univers totalement remodelé ont un petit air d’Inception, mais en carrément plus dément (parce qu’Inception, c’était juste impressionnant, là on se bats sérieusement dedans !). Certes, on pourra regretter que les scènes de combat ne soit pas un chouillat plus développés et un peu speed. La scène d’ouverture est géniale, mais le combat final un peu décevant de ce point de vu là. Enfin n’en demandons pas trop non plus. Le principal étant que le spectateur un peu précautionneux en prendra plein les mirettes.

La deuxième règle s’adresse elle aussi à tout le monde, mais plus particulièrement aux fan de l’un ou des deux acteurs principaux.
Honnêtement, Mads Mikkelsen, avec son léger accent danois, est tout de même bien mieux en VO. Et la voix de Benedict Cumberbatch (digne héritier vocal de feu Alan Rickman) est difficilement imitable.
Et puis la VO vous offrira cette scène délicieuse des présentations, lorsque Strange tente d’affirmer sa personnalité face à Mikkelsen. Je ne sais pas comment les traducteurs s’en sont sortis avec celle là, mais en VO, c’est quand même mieux.

Du côté du casting donc, que du bonheur. On regrettera peut être un peu que Mads Mikkelsen et son personnage n’aient pas davantage d’importance dans le film, mais celui ci est le premier des Doctor Strange et le méchant passe donc au second plan.
Cela ne l’empêche pas d’être brillant. Charismatique au possible (Mads oblige), il incarne un personnage désabusé qui a trouvé son réconfort du mauvais côté de la force. Jamais ridicule, n’en faisant jamais trop, il est convaincant et fait un bon méchant.

Benedict Cumberbatch quant à lui, nous a habitué a incarné les personnages de petit arrogants de génie égocentrique. Dans la lignée de son personnage de Sherlock, Doctor Strange lui donne l’occasion de se faire plaisir dans ce domaine. Incapable de voir la réalité en face, de faire preuve d’humilité et de reconnaître ses tords, son personnage est de ceux que Cumberbatch maîtrise parfaitement. Le genre de personnage qu’on adore détester et que l’on ne peut s’empêcher de vouloir voir s’améliorer. Hargne et fragilité, l’acteur maîtrise les deux et rend son personnage agaçant et attachant.

Les rôles secondaires sont bien interprétés et font le job. Tilda Swinton notamment, ne manque pas de chien et d’intérêt. Le personnage de Mordo, qui ne paye pas de mine, est également prometteur (note à celles et ceux qui ont le respect de regarder le générique jusqu’au bout, vous comprendrez ce que je veux dire) et même s’il ne fracasse pas l’écran, Ejiofor se débrouille plutôt bien.

Du côté de l’histoire, notons que cet opus est le premier. L’introduction au personnage.
Lorsque l’on créer une série de film basés sur un personnage, l’important est de bien soigné son apparition, son émergence. De fait, les scénaristes font bien les choses, nous montrant l’avant accident, les dommages de l’accident, et l’élévation du personnage. Les étapes sont respectées et le spectateur pourra se laisser porter par l’histoire sans se dire que l’on saute les étapes.
Mais fatalement, même sur un film de deux heures, on doit faire des choix. Et fatalement, c’est le grand vilain méchant qui en pâtit.
Car malgré un casting d’enfer, Kaelicius n’est pas exploité autant qu’il le pourrait. Il est là pour être méchant, déchirer les pages d’un bouquin (suprême sacrilège !) et tuer des gens, montrer à tous que leur gentil gourou a se petits secrets, mais c’est à peu prêt tout. Et que l’on soit fan ou non de Mikkelsen, on ne peut pas s’empêcher de se dire que le personnage aurait put être un chouilla plus creusé.
Enfin la chose reste acceptable, ne soyons pas trop dur !

Au final, nous avons un Marvel plutôt réussis, à mettre dans le haut de l’échelle avec des personnages vraiment sympas, un casting excellent, une histoire sympas et des effets spéciaux incroyables. Autant dire que si le prochain est un Doctor Strange/Thor, le spectateur devrait se régaler - ou au moins ses yeux.
Pas le chef d’oeuvre du siècle ni même de la décennie, mais un bon Marvel qui ne déçoit pas et fait plaisir.