Dogman
7.1
Dogman

Film de Matteo Garrone (2018)

Je me suis pas foulé, j'ai repris une punchline presse de je ne sais plus quel canard présente sur l'affiche... Mais attention, ce n'est pas une vulgaire pichenette assénée à un gamin capricieux... C'est plutôt une baffe à la Obélix, celle qui met un régiment de romains en orbite au dessus des forêts bretonnes, c'est du niveau Lino Ventura (avec ses parpaings à la place des mains) dans La Gifle... Bref, c'est du lourd !
Pourtant, quoi de plus cute qu'un cabinet de toilettage pour chiens ? On imagine tout de suite la pouf blonde de service (Reese Witherspoon au hasard) en tailleur rose bonbec promenant sa tripotée de caniches et de chihuahua au bout d'une dizaine de laisses sous un ciel bleu californien...
Dans Dogman, rien de tout ça ! Ici, c'est pas Venus Beauté Institut (ah bon, ça se passe pas chez un toiletteur pour chiens ? Je l'aurais pourtant juré, à en croire la coupe de cheveux de Tonie Marshall... En plus, il y a Audrey Toutou.. Ah Ah Ah !!!) Non, ici
c'est la banlieue crasseuse d'une ville du Sud de l'Italie (sûrement Naples, vu les états de service de Matteo Garrone, réalisateur du sublime Gomorra, d'après le non moins sublime ouvrage de Roberto Salviano). Le toiletteur pour chiens en question est une gueule comme seul le cinéma italien peut nous en offrir (coucou Fellini, Pasolini et Leone !!!). Marcello, nez monté sur pattes avec des grands yeux ronds, des cheveux gras et un bleu de travail, n'a rien de glamour... Au contraire, il a tout de l'idiot du village maltraité par la brute de service, Simone, ancien boxeur fraîchement sorti de prison dont le cerveau est aussi ravagé par les gnons que par la poudre blanche qu'il s'enfile comme qui rigole... Le molosse entraîne (à coups de beignes puisque c'est essentiellement de cette manière que s'exprime cette armoire à glace) le brave Marcello dans une affaire qui a foiré. Le toiletteur nourrit donc une vengeance qui figure déjà dans le best of ciné de l'année... Concentré de naïveté touchante, Marcello représente, avec les chiens qu'il bichonne et sa fille, l'once d'humanité qui parcourt le film. Le reste n'est que drogue, sang, pisse, arnaque et coups pendables. Prix d'interprétation canine (pardon masculine) à Cannes, Marcello Fonte livre une prestation inoubliable... Un personnage poissard attachant !
Quant à Matteo Garrone, après un décevant Tale of tales, il signe son meilleur opus et se place doucement mais sûrement en chef de file d'un cinéma italien (avec Paolo Sorrentino) que nous avons tant aimé. Il prend un malin plaisir à faire adopter au spectateur le point de vue des chiens enfermés dans des cages observant la sauvagerie animale des êtres ''humains". À noter que le film est tiré d'une histoire vraie... Et la fiction dépasse la réalité !

Daddy-Cool
8
Écrit par

Créée

le 12 juil. 2018

Critique lue 420 fois

5 j'aime

Daddy-Cool

Écrit par

Critique lue 420 fois

5

D'autres avis sur Dogman

Dogman
guyness
8

Echec et meute

L'être humain est, avant toute autre chose, un animal social. Mais comme il aime plus que tout se raconter de réconfortants mensonges, il fait tout ce qui est son pouvoir pour l'oublier, et feint de...

le 22 nov. 2018

52 j'aime

10

Dogman
Okilebo
8

Quelle vie de chien !

On ne peut pas le nier, depuis quelques années et malgré de nombreux prix et nominations, le cinéma italien se fait discret. Pourtant, je pense que le talent est toujours bien présent mais celui-ci...

le 8 janv. 2019

37 j'aime

38

Dogman
pphf
7

Chemin de croix

Un prologue en trompe-l’œil. Avec en gros plan, puis en très gros plan, la tête énorme et blanche d’un molosse, la gueule ouverte, des crocs terrifiants – et la peur qui va glacer le spectateur,...

Par

le 1 août 2018

36 j'aime

17

Du même critique

Une pluie sans fin
Daddy-Cool
5

Chiant comme la pluie

Une grosse attente, voire de l'excitation, se faisait sentir concernant ce film. Une pluie sans fin devait être un croisement chinois entre Seven et Memories of a murder. Malheureusement, le film...

le 1 août 2018

9 j'aime

1

Dogman
Daddy-Cool
8

Une claque !

Je me suis pas foulé, j'ai repris une punchline presse de je ne sais plus quel canard présente sur l'affiche... Mais attention, ce n'est pas une vulgaire pichenette assénée à un gamin capricieux.....

le 12 juil. 2018

5 j'aime

À la dérive
Daddy-Cool
3

A la ramasse

Le label "Tiré d'une histoire vraie" n'est pas forcément synonyme de qualité. Dans le cas d'A la dérive, l'ennui saisit rapidement le spectateur de ce survival en haute mer. Shailene Woodley ne sera...

le 12 juil. 2018

3 j'aime

2