À son annonce toute en surpromotion, Don't Worry Darling dégageait une grande inspiration de ce nouveau cinéma de genre aux propos complexes servis par des visuels puissants et des propositions de réalisations uniques. Impossible de ne pas penser au sublime Vivarium en prenant sa place pour ce film.
Cependant Don't Worry Darling manque de pincettes. Je m'explique.
Olivia Wilde, réalisatrice et actrice dans sa propre oeuvre nous propose un tandem amoureux brillamment interprété par la somptueuse Florence Pugh et le maladroit mais étonnement convaincant Harry Styles.
Pour éviter le spoil disons qu'il vivent dans un quartier où tout pue la louche perfection. Cette situation s'envenimera lorsqu'Alice (F. Pugh) commencera à douter de la réalité du monde qui l'entoure.
Le propos du film tourne évidemment autour de la place de la femme en société, le recul a prendre vis à vis des difficultés et la fatigue qu'occasionne la vie et l'importance de choisir son destin.
Une vie parfaite sans accroc serait-elle si jouissive ?
"Il y a de la grâce dans la symétrie."
On se permet même ici une très belle illustration par la danse moderne que je trouve très bien amenée.
Je ne vais pas développer plus que ça les points d'intérêt du film parce que cela me mènerait forcément au spoil et il ne s'agit en plus guère du sujet de mon écrit.
Pourquoi le film ne dépasse pas selon moi les notes d'un Vivarium et autre Midsommar ? Cette nouvelle mouvance de film de genre que j'ai décrit plus haut, redoublant sans cesse d'ingéniosité et de complexité.
On saisit parfaitement dans quel carcan souhaite s'intégrer Don't Worry Darling mais celui ci, bien que faisant preuve d'une grande sincérité et de justesse dans sa passation de message, n'ose pas se perdre dans son propos et son univers. Il l'étend constamment mais reste timide a l'idée de l'approfondir.
Nous aurions aimé en voir plus, savoir quelle était cette "création" pour ne pas spoil. Mais ce manque de développement provient du deuxième "problème" de ce film :
Le message, bien que complet, est bien trop simpliste. Il est balancé à nos yeux et ne demande presque aucun travail de réflexion au spectateur bien qu'il en feigne le contraire.
Il nous est divulgué au fil des dialogues, bien qu'écrit assez justement, ils manquent de finesse, ce qui leur retire de l'impact et influe donc négativement la portée émotionnelle du film, les magnifiques et claustrophobiques effets visuels ne sont là que pour servir de reflet très (trop) littéral de l'état psychologique, émotionnel et physique (d'une certaine part) du personnage d'Alice. Au delà de ça, la danse contemporaine ne fait qu'illustrer ce que les dialogues nous expliquent déjà.
Ainsi, là où le film aurait clairement voulu nous donner de simples clés pour en ouvrir les portes de son message, il en finit par carrément nous les enfoncer a coup de bélier ce qui rend l'expérience bien trop passive pour être réellement immersive.
Les défauts du film étant évoqués, il ne faut pas cracher sur un beau plat. La direction artistique est vraiment bien menée, les décors sont convaincants et vraiment un régal pour les pupilles, les lumières sont douces, la caméra danse et s'approprie parfaitement son environnement.
Le film est angoissant, le couple Styles/Pugh fonctionne et est attachant, les personnages secondaires, bien que trop peu développés, sont justes.
Ainsi, bien que Don't Worry Darling aurait pu être une vraie claque, il se contente d'être "simplement" un bon film, convaincant, beau et sincère.
Alors je conçois qu'il puisse décevoir, mais si tous les mauvais films étaient de son calibre, on vivrait dans un monde parfait.