Un concept trop fade pour une prétention trop haute

J'ai vu ce film avec des amis, il y a peu et je suis complétement resté sur ma faim. C'est un exemple parfait de fausse subtilité à mon sens. Passons d'abord sur les nombreuses incohérences qui parsèment le récit entre règles toujours changeantes et twists qui se contredisent, et allons à l'essentiel : Pourquoi Don't worry darling ne tient pas son concept ?

Le concept est simple : Une simulation informatico-biologico-jesaispas dans laquelle les hommes envoient leurs femmes pour revivre avec elles une horrible vie patriarcale des années 50.

L'idée d'un enfermement dans une simulation "parfaite" mais qui en réalité ne l'est pas n'est pas très originale et c'est là le premier problème. Bien que ne pas être au top de l'originalité n'est pas un mal en soi, ne pas s'en rendre compte décuple le problème. Entre les personnages prétentieusement écrits, les dialogues toujours teintés d'un aspect pompeux et débile en même temps et les twists évidents (on y reviendra) le film s'emmêle les pinceaux dans chaque scène et semble essayer de sortir la tête de l'eau par des pirouettes scénaristiques tout du long.

La fin est un excellent exemple du pétard mouillé qu'est ce film. Lorsque tout est révélé, plus besoin de prétendre être subtil, on peut y mettre une course-poursuite stupide, terminer les arcs des personnages de manière complétement aléatoires (- on fait quoi du méchant ?

- Ah bah sa femme le tue oklm. - Mais pourquoi ? - Bah, elle trouve qu'au final c'est mal/Elle sort de son emprise/Elle veut aider les femmes à s'en sortir.... - Je choisis la réponse que je veux c'est ça ? C'était pourtant une collaboratrice précieuse de son truc de merde nan ? - ...)

et même en oublier certains sur tout le film, pour quand même les tuer à la fin. Cela permet de faire passer son écriture paresseuse et stupide pour un récit bien ficelé, mais nous ne sommes pas dupes.

Attaquons-nous à la mise-en-scène maintenant. C'est bien une des seules réussites de l'œuvre, même si elle comporte de nombreux importants défauts. L'aspect sobre, lent et assez précieux m'a plu et fonctionne bien avec le propos et les décors. Mais le problème de cette réalisation forte en style se gâte au montage et à l'écriture. Tous les tropes du style sont ici usés jusqu'à la moelle jusqu'à nous donner l'explication de tout le film sur un plateau dès le début (les flashs de la réalité, d'une simulation, de symboles, de scène sectaires étranges, etc). On comprend qu'ils ont voulu créer quelque chose que l'on peut revoir en se disant : "c'était donc ça ! C'était devant mes yeux depuis le début ??? O.O" Oui. Et c'est de la merde. Ces effets sont tellement datés et connus qu'ils permettent de comprendre directement ce qui cloche dans ce monde de toute évidence gangréné par une étrange maladie. Alors l'introduction à l'univers est sympathique, sobre, classe, intrigante. Puis, on comprend que c'est un monde faux, contrôlé par les hommes pour enfermer leurs couples dans un enfer misogyne, et on se fait chier pendant 1h. Puis c'est la révélation, on passera outre la lourdeur de TOUT lors de la séquence flash-back dans le monde réel : L'infirmière malheureuse, le geekos dégueulasse aux cheveux gras, etc. Tant, c'est grossier et révèle que la seule réussite stylistique de ce film ne tient que dans sa reproduction des années 40, et que dès qu'on en sort, c'est un nanar. Au moins j'ai bien rigolé pendant cette séquence. Et enfin cette fin jouissive, débile, aléatoire. Je vous spoile, mais c'est évidemment une sorte de fin ouverte nulle. Il était de toute façon impossible de répondre aux questions que posait le récit, souvent involontaires, tout le temps révélatrice d'un scénario pompeux, prévisible et stupide.


Je donnerai malgré tout quelques points positifs, notamment la tension de la première heure qui fonctionne assez bien. Lorsque Florence Pugh, excellente dans son rôle, se rend compte que quelque chose ne va pas. J'enlève cependant ces bons points pour l'affreux Harry Styles qui passe dans les moments du personnage naïf, un peu con, mais qui excelle de médiocrité dans les moments grognons ou geek-dégueu-théorie-du-complot.


Je conclurai sur une critique envers Christopher Nolan, car s'il n'avait pas montré au monde que Harry Styles était correct dans l'excellent Dunkerque, on ne se le taperait pas dans une bouse tous les deux ans.


Samosass
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le 20 août 2023

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