Samantha : « Nous sommes si parfaites. »
Corey: « Immaculées ».
Un dialogue répété à plusieurs reprises dans le film, dont le sens vous échappera probablement et qui est à l’ image de ce dernier : tiré par les cheveux. Retour sur ce gros foutoir qu’est "S. Darko". (Ou "Donnie Darko 2".)
Faire une suite à Donnie Darko est une aberration en soi. Le titrer « Donnie Darko 2 » (du moins, en France) l’est d’autant plus.
Le film débute sur un carton expliquant ce qu’est devenue la plus jeune soeur de Donnie, Samantha, après les événements du premier opus. Sept ans plus tard, celle-ci est partie sur les routes avec son amie Corey, sortie d’on-ne sait où et qui a coupé les liens avec sa famille. Après ce qui semble être une ambiance faussement « Road Movie » et quelques dix minutes plus tard, nous cernons déjà un problème: ça pue le déja-vu. Et de fait, S. Darko est un décalque à peine caché de l’original.
Le réacteur d’avion est remplacé par un météorite, la dimension religieuse est toujours présente ainsi que les mêmes thèmes, la plupart des scènes sont très similaires également. Par exemple cette scène de l’incendie d’une église. (Une scène d’ailleurs étrange car d’après le descriptif d’un personnage de ce lieu ayant subi un dommage, un tel dégât n’aurait pas pu être causé par un humain, ce qui sous-entend l’implication de forces surnaturelles. Un questionnement déjà évoqué, il est vrai, dans une scène du premier.), la fête Halloween remplacée par le 4 juillet,etc …
« S. Darko » est un peu à « Donnie Darko » ce que « Hybercube» est à « Cube ». C’est à dire une « suite » confuse, semblable dans le fond et dans la forme, qui ne prend même pas la peine de changer la personnalité de ses personnages ou sa structure narrative, et qui rajoute par-ci par-là quelques éléments supplémentaires qui ne font que rendre le tout un peu plus foutraque. . « Donnie Darko » était un film complexe, ici c’est un film sans queue ni tête et parsemé d’incohérences.
Incohérences, qui découlent en réalité de clins d’œils. Parce que si le principe même de faire une suite à un film tel que « Donnie Darko » peut se résumer à un gros « fuck », le film est aussi truffé de clins d’œils plutôt grossiers.
(Le masque de Frank, la philosophie du voyage dans le temps, la « révélation » sur Roberta Sparrow).
Des éléments qui ne font nullement avancer l’intrigue et qui ne servent à rien, à part peut-être nous rappeler à quel point le premier volet était excellent et qui nous fait déjà regretter le visionnage de celui-ci.
Légère différence avec le film précédant cependant;
Samantha apparaît ici comme la figure de « Frank » dans les songes d’un autre personnage, Iraq Jack
. C’est une idée originale mais pas bonne pour autant parce qu’elle ne fait que relever le degré d’incompréhension. Et la cerise sur ce gâteau, c’est ce passage (bien évidemment calqué sur la fin du premier)où
Samantha se sacrifie pour ressusciter Corey avant que Corey ne se sacrifie pour faire revenir à la vie Samantha pour qu’enfin à la toute fin, il y ait ce retour à la normalité et au bon déroulement des choses
. Ce scénario dédaléen est révélateur des enjeux du film: « faire une suite pour faire une suite », une pâle copie qui ne semble pas avoir compris le sens de l’oeuvre de Richard Kelly. Et dire qu’à sa sortie, une rumeur annoncait un « Donnie Darko 3″…
« S. Darko » est donc plus que dispensable et l’intérêt y est moindre. Une quête de la spiritualité qui part dans tous les sens, beaucoup trop proche du premier que ce soit scénaristiquement parlant ou visuellement (une réalisation « empruntée » à l’original) qui ne dénaturalise pas le premier mais qui vit et vivra toujours dans son ombre.