Un film éminemment politique, exposant les défaillances profondes des organismes d'enquête français, le tout porté par une narration irrespirable ; pas de doute, nous sommes dans un long-métrage de Dominik Moll.
Dossier 137 nous plonge au cœur d'une enquête de l'IGPN (la police des polices), dans le cadre des affrontements entre policiers et gilets jaunes de décembre 2018. Pas le sujet le plus emballant sur le papier, je vous l'accorde. Mais c'était sans compter sur le talent dingue de Moll, capable de transformer un récit profondément procédurier, au sein de décors administratifs et pas franchement emballants, en un vrai grand thriller ludique.
À travers son format quasi-documentaire (interviewant à de multiples reprises divers protagonistes de l'enquête), mais surtout un travail de montage exceptionnel, l'œuvre offre un sentiment d'immersion assez vertigineux. La réalisation est soignée, étouffante (la scène du métro !), et épouse avec brio l'authenticité et la véracité crue des thématiques abordées.
Reconstituant non seulement une fracture sociale profonde, mais également tout le chaos organisationnel, et toute la gestion laborieuse du gouvernement face à l'envergure démesurée des manifestations de gilets jaunes (intervention impromptue de la BRI, ou encore de la BAC).
Comme vous l'aurez deviné, le long-métrage questionne les bavures policières. Et plus précisément, l'inaction affligeante des institutions pour punir ces dernières. Mais le film va encore plus loin. Confrontant non seulement le travail de l'IGPN et de la police au mépris global (et sans nuance) de la population envers ces organisations. Mais abordant également les tensions au sein même du milieu, avec l'IGPN qui souhaite s'affranchir des éléments problématiques, et la police qui n'y voit rien d'autre qu'une forme de trahison entre collègues.
Tous ces conflits, plus ou moins intimes, sont parfaitement cristallisés par le personnage de Léa Drucker. La comédienne porte littéralement le film sur ses épaules, oscillant entre une facette intime et professionnelle de façon impériale. Une quête quasi-obsessionnelle, débouchant sur un monologue final mémorable.
Bref, un vrai grand film politique, offrant un plaisir de spectateur assez inattendu.
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