Dès les premières secondes de Dracula de Francis Ford Coppola, j'ai su que j'allais assister à quelque chose de grand ou du moins, d'ambitieux. C'est simple, je suis resté scotché par ladirection artistique. Coppola ne filme pas une histoire, il crée une fresque animée, un opéra gothique où chaque plan est un tableau, chaque costume une œuvre d'art signée Eiko Ishioka. L'utilisation des effets spéciaux à l'ancienne, inspirés par le cinéma primitif, m'a absolument enchanté. Ça donne un charme désuet, presque magique, qui ancre le film dans son époque littéraire et ajoute une texture visuelle que je trouve souvent absente des films modernes.
Les Points de Vive Passion
- Gary Oldman est Dracula. Il n'incarne pas le comte, il est cette âme torturée, allant de l'horreur repoussante du vieil homme déchu à l'élégance tragique du prince romantique. Sa performance est d'une intensité rare et porte tout le poids émotionnel du récit. Il m'a fait croire à cet amour maudit et éternel.
- L'ambiance globale est à couper le souffle. J'ai été happé par la richesse baroque de la Transylvanie et le contraste avec le Londres victorien.
Ce Qui M'a Sorti de la Transe
- Malgré l'enchantement visuel, le film n'est pas parfait, et c'est là que ma note de 7/10 prend tout son sens. Keanu Reeves et Winona Ryder, en Mina et Jonathan Harker, n'arrivent jamais vraiment à la cheville de leurs partenaires. L'accent de Reeves en particulier... Disons qu'il m'a fait grincer des dents. Chaque fois qu'il ouvre la bouche, la magie se fissure un peu. Je comprends l'idée de ce grand casting, mais le décalage de jeu entre Oldman/Hopkins et le jeune couple est parfois trop flagrant.
- Ensuite, l'histoire d'amour est sublime dans l'idée, mais je trouve que le rythme s'essouffle un peu au milieu. Après la perfection angoissante du prologue et de l'arrivée de Harker au château, le film devient trop décousu dans sa deuxième heure, sautant d'un personnage à l'autre sans toujours conserver cette même tension hypnotique.
Conclusion
- En fin de compte, je considère ce film comme une œuvre inégale mais essentielle. C'est une adaptation qui a le courage de ne ressembler à aucune autre, privilégiant l'opulence du style et la passion démesurée à la simplicité. C'est pour moi une expérience sensorielle forte, un ballet macabre et romantique. Je lui donne 7/10 car la direction artistique et la performance de Oldman compensent largement les quelques faiblesses d'interprétation et de rythme. Un classique à revoir, si on accepte de se laisser submerger par sa folie esthétique.