Sorti de nulle part, ce found footage maquillé en documentaire aurait pu n'être qu'un énième titre de plus à rajouter à la longue liste de ce sous-genre racoleur et répétitif, mais il a ce supplément d'âme et une double lecture pour le moins intéressante qui mérite qu'on s'y attarde.
Suite à une violente crise de somnambulisme, un homme est contraint de documenter ses moindres faits et gestes avec l'aide de sa compagne cinéaste, dans le but d'entamer une thérapie médicale.
Au premier abord, DREAM EATER peut paraître rebutant pour quiconque recherche le sensationnel et le flippant en venant voir un found footage.
Car même si la scène d'intro paraît prometteuse en terme de suspens, on comprend dès les minutes suivantes que le fantastique sera relégué au second rang pour laisser la place au psychologique.
Une excellente chose, puisque ce qui démarque cette œuvre du reste du tout venant, c'est son approche très terre-à-terre, on nous expose au début les problèmes médicaux de notre protagoniste, le but de cet isolement forcé et les difficultés financières du couple, pour donner un point de vue au plus proche du réel. Pour petit à petit dévier irrémédiablement sur le pente du fantastique et du surnaturel.
Le côté fantastique, parlons-en, ce n'est clairement pas le point fort du film, le scénario à base de possession/secte est quelque chose qu'on a déjà vu cent fois, surtout dans un found footage.
Ce qui marque vraiment, c'est l'environnement du récit, comme je l'ai dis précédemment, la psychologie d'un personnage malade passe avant l'horreur, et tout le background autour des 2 protagonistes donne matière à développer cet aspect.
Pas d'effet spectaculaire ni de monstre sanguinolant, l'horreur est humaine, même si ses racines sont carrément surnaturelles, DREAM EATER brille par son économie de moyen dans les scènes de trouille: une caméra au poing, un éclairage sommaire, et un mec perdu qui déambule en pleine crise de parasomnie, c'est tout simple.
Le rythme du film est soutenu, contrairement à beaucoup de found footage qui jouent sur les ambiances en filmant du vide pendant 1h30 avant de balancer un jumpscare final, celui-ci garde une tension continue en alternant scènes d'horreur, le plus souvent nocturnes (on parle ici de somnambulisme à la base), avec des moments d'accalmie pour faire avancer le scénario, pas très subtils certes, mais juste efficaces comme il faut.
À noter également, une forte vibe BLAIR WITCH autour de la structure du film, les 2 rôles principaux sont tenus par 2 des 3 co-réalisateurs qui utilisent ici leurs véritables noms, avec une sous-intrigue sur une jeune cinéaste en documentaire, en situation précaire, et qui cherche à faire décoller sa carrière. Si jamais elle peut filmer son mec pendant ses crises de somnambulisme c'est tout bénef pour faire du sensationnalisme. C'est là tout l'intérêt du film, ancrer son propos au plus proche possible du réel, par la banalité, bousculée par des événements surréalistes difficilement admissibles pour un esprit cartésien.
A défaut de révolutionner le found footage, DREAM EATER apporte juste sa modeste contribution pour étoffer un peu plus ce sous-genre si particulier de l'horreur.
Le point de vue adopté est intéressant à contrario de la partie fantastique qui ne propose pas grand chose de neuf, un film qui mérite qu'on s'y attarde, ne serait-ce que pour la curiosité.
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