Dream Home
6.4
Dream Home

Film de Pang Ho-Cheung (2010)

Drame social sur fond d’horreur et de comédie noire et grinçante qui voudrait rire de ses excès gore, Dream Home est une œuvre ambivalente dont je n’arrive pas à jauger mon niveau d’appréciation.


Car on a d’un côté cette attaque frontale (et figurative dans le home invasion jusqu’au-boutiste) sur le fonctionnement du marché de l'immobilier Hong Kongais, où se loger décemment revient à jouer le jeu des mafias ou à vendre un rein. Et pour avoir mis les pieds dans la cité portuaire il y a quelques années, je ne peux que confirmer ce côté infernal efficacement mis en image dès le générique introductif. Hong Kong est un alignement de clapiers hors de prix, une mégalopole étouffante où l’individu est écrasé par la densité et le fric qui refuse de ruisseler des murs de quelques privilégiés et autres entreprises exploiteuses.


Un bourbier qui se fait terreau fertile pour le scénario de Dream Home qui voit une jeune femme faire baisser les prix de son appartement de rêve en massacrant les voisins à tour de bras dans une viciosité aussi inventive qu’elle semble gratuite à l’image. Car Pang Ho-Cheung n’y va pas avec le dos de la baguette et semble vouloir donner dans l’extrême pour les beaux yeux de Josie Ho, son actrice et productrice qui l’a poussée à aller plus avant dans la violence, parce que la violence ça vend. En résulte une boucherie glauque qui ne se justifie pas par le mélo médiocre que l’on nous déroule en flashbacks, et pousse les potards juste par excès de zèle.


La violence extrême n’est pas préjudiciable si elle apporte une substance au récit. The Sadness, pour rester du côté de l’Asie, ne pouvait tenir que grâce à elle au vu des thématiques qu’il développe. Mais Dream Home pouvait s’en tenir à moins grandiloquent pour parler crise du logement, désespoir d’une population que l’on essore et enferme. Nul besoin d’étouffer une femme enceinte dans un sac sous vide alors que son liquide amniotique mêlé de sang se répand sur le parquet. Un délire de sale gosse complètement gratuit que n’aurait pas renié le faussement malsain A Serbian Film.


Mais là aussi, cette gratuité est contrebalancée par l’humour noir qui vient asperger le dos d’une prostituée d’hémoglobine comme autant de foutre contenu dans la jouissance sadique de notre héroïne. Les situations morbides permettent un allègement par le potache qui vient dédramatiser le côté complètement amoral du projet.


Dream Home est donc sans concession, si ce n’est celle d’abandonner toute notion de finesse pour gagner en visibilité comme un objet trashouille de festivals. Dommage pour un projet pas dénué de fond.


Frakkazak

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