Film de la consécration pour Nicolas Winding Refn ( il reçut le Prix de la Mise en Scène à Cannes en 2011 pour ce fait d'armes...) Drive figure à plus forte raison parmi ses réussites majeures. C'est sous l'impulsion de son acteur principal Ryan Gosling que ce projet aussi excitant que littéralement taillé sur mesure pour sa star hollywoodienne voit le jour au début des années 2010, film de bagnoles et d'action tenant entièrement ses promesses sur le plan formel et purement divertissant. 100 minutes de Cinéma total à travers lesquelles l'auteur de Bronson et de Valhalla Rising s'adonne à un exercice de style proche de l'objet tour à tour virtuose, racé ainsi que résolument passionné - et passionnant.
Disons-le sans détour : c'est extrêmement bien réalisé de part et d'autre, doué d'une mécanique technique et narrative redoutablement bien huilée, à l'image du pilote monolithique et taciturne interprété avec justesse et charisme en demi-teinte par Ryan Gosling... Se dégage de ce Drive un calme, une force tranquille derrière laquelle la violence sourde patiemment mais sûrement avant d'éclater sporadiquement au gré de quelques instants de beautés à la fois très graphiques mais un rien arty-ficielles. L'atmosphère instaurée par Refn se distingue clairement du lot des productions de l'époque, même si la brillance formelle dudit métrage (musique de Cliff Martinez pour le moins grisante, lumière resplendissante de Newton Thomas Sigel, et cetera...) n'échappe pas entièrement à une certaine propension à l'esbroufe. Car si objectivement l'objet dont il est ici question demeure plastiquement et cinématographiquement irréprochable le traitement archétypal - et quasiment iconique par moments - des personnages et des situations rend l'ensemble assez froid, irréaliste voire parfois un tantinet désincarné dans ses moments de creux.
Le casting, s'il témoigne d'une volonté d'inscrire ledit métrage dans les canons glamours du Cinéma Hollywoodien ( Ryan Gosling forcément, beau comme un dieu mais sans réelles aspérités ; Oscar Isaac alors en phase ascendante, Ron Perlman en électron libre ou encore Carey Mulligan en héroïne aux silences communicatifs...), reste souvent réduit à son apparat de surface, les personnages s'avérant à la fois très bien caractérisés mais finalement trop peu développés en termes d'écriture. Les références filmiques, très intelligemment digérées par le cinéaste d'origine danoise, s'en tiennent le plus souvent à des motifs fétichistes presque uniquement là pour la beauté du geste, ni plus, ni moins... En résulte en fin de compte une prouesse formelle au rythme élégant et plutôt audacieux, avec juste ce qu'il faut de nervosité contenue et onctueuse mais un peu trop courte scénaristiquement. Il n'en demeure pas moins une véritable réussite de Cinéma d'action, au souffle mythique incontestable...