Bien des erreurs nuisent à la qualité de Du rififi chez les hommes : l’affreuse post-synchronisation, la prise de sons globalement assez mauvaise, le doublage d’un des personnages les plus importants (Jo le suédois), la chanson ridiculissime de la boîte de nuit (qui d’ailleurs donne son titre au film), un scénario plutôt éculé, le rythme irrégulier et souvent mou et des personnages somme toute assez plats, si ce n’est peut-être le personnage de Mado Les Grands Bras.
Difficile avec autant de défauts de parler de chef d’œuvre, même si, comme il est d’avis général, la scène du casse est excellente : minutie de l’action, montage millimétré, silence moite et tension extrême donnent lieu à un parangon du genre. Par ailleurs, la scène finale où Le Stéphanois agonise au volant de sa voiture dans une fuite vertigineuse contre la mort (en remettant le gosse à sa mère, il permet de perpétuer la lignée) a un souffle nouveau qui contraste avec d’autres scènes très convenues.
Jules Dassin, loin de son style documentaire habituel (voir Les bas-fonds de Frisco), ne percevant pas la poésie de la ville (au contraire de La cité sans voiles), négligeant son noir et blanc (à l’inverse du très élégant Les Forbans de la Nuit), rate globalement son film - hormis quelques bribes de génie qui méritent les éloges. Et ce n'est pas sa lecture stéréotypée de l'homme source de violence et du mal, fils de Mars propageant la guerre pendant que la femme procréé, qui changera les choses, évidemment.