Il y a quelques rares phrases qui provoquent une émotion instantanée. « Le Père Noël n'**** pas », « Il n'y a pas de poivre », « Quant à Mlle XX, votre copie est... », « Je t'aime » et « Hell in the Pacific is a 1968 World War II film starring Lee Marvin and Toshirō Mifune, the only two actors in the entire film ».

Vous êtes tout pâle, vous allez bien ?





Ça y est, votre cœur recommence à battre un peu plus régulièrement ?


Ça va aller.


Quand vous serez remis, j'ajouterai que c'est un film de survie, se passant sur une île déserte...
Oh ! Excusez-moi...


Bon, tant pis, vous lirez cette critique en vous réveillant.

Donc il y a du génie dans cette affaire. Je ne sais pas à qui accorder ce mérite et dévouer mon amour le plus profond jusqu'à la fin de mon immortalité – John Boorman, le réalisateur ? Peut-être sont-ils plusieurs ? En fait, cette idée de génie ne peut pas être le fait d'une unique personne, preuve en est que dans mes fantasmes les plus eXXotiques, je n'avais JAMAIS osé imaginer qu'un TEL film puisse exister.

Tout me paraît improbable et exceptionnel, et en même temps, cela me paraît être l'oeuvre d'un bon sens absolument supérieur. D'abord, deux acteurs de nationalités différentes, ayant fait carrière dans deux industries différentes, et d'ailleurs rassemblés par une troisième nationalité – John Boorman est anglais. Et puis, ce sont LES deux acteurs qui incarnent selon moi, pour l'ensemble de leurs rôles, les plus hauts sommets de la classe – et par là même, les auras les plus sexuelles du cinéma. Le tout dans un huis-clos à deux personnages, situation rare au cinéma. Et pour rendre cette situation encore plus improbable, ce huis-clos n'est pas théâtral (deux personnages qui déblatèrent, une histoire qui se construit et évolue par leurs propos), non : il est du pur combat de survie. C'est dire, on peut ne rien comprendre aux paroles prononcées dans le film, et cela est voulu par le réalisateur, qui veut illustrer le manque d'intercompréhension entre japonais et américains ; du coup, les acteurs maugréent plutôt pour eux-mêmes, chacun de leur côté.

CE FILM EXISTE !

Et qu'y a-t-il derrière le fantasme ?
Il y a un problème fondamental, que la simple lecture de ces données pourrait vous avoir fait suspecter, et que je n'ai pas réussi à sentir moi-même avant le moment venu.
Comment, en effet, supporter de voir les deux hommes les plus admirables du monde se battre, avec la plus grande mesquinerie, dans le combat le plus laid qui soit : celui pour la survie ?
L'identification fut double, et au lieu de ne prendre que quelques sales coups, déjà peu supportables pour une seule femme, j'ai engrangé les coups subis par ces DEUX colosses. Ainsi, je ressentis à la fois la soif de Lee Marvin et la douleur de Toshirō Mifune, violé sur son territoire, trouvant tout son beau travail et ses réserves détruits. Je ne vous décris pas mon état à la fin du film qui, heureusement, finit par se calmer niveau combat, ce qui panse juste assez les plaies pour pouvoir maintenir les yeux ouverts.
Mon contentement fut donc largement amoindri. Pour autant, cela reste un bon film, même si l'idée de l'incompréhension fondamentale entre les deux peuples est assénée un peu lourdement, et rejaillit notamment à la fin du film, or ce n'est jamais bon de finir sur une bouchée aigre. La petite vie de mes deux amours, sur l'île, et leurs combats, sont bien détaillés et plutôt jouissifs. On a du mal à s'ennuyer. Il y a de bonnes idées de mise en scène. Mais il reste un petit goût amer. Pourquoi ? Je crois, en fait, que tout ce qui a pu être fait a été fait dans ce film, mais malheureusement, il montre un peu trop bien que le manque de communication entraîne des situations absurdes et vite lassantes.

En attendant, un bon film érotique pour nénettes, pédés, pédettes et nénés.
Philistine
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le 31 janv. 2012

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Philistine

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